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L’Héroïsme d’un mousse breton

Nous lisons dans le Petit Parisien, un récit dramatique et touchant C’est l’histoire d’un mousse, d’un orphelin, odieusement maltraité par l’équipage d’un navire faisant le cabotage sur les côtes de l’océan. Pierre Bozec, le petit mousse, a été pris en grippe par le lieutenant du bord.
Les matelots, maltraités eux-mêmes, font retomber leurs rancunes sur ce petit martyr. Il y a huit jours à peu près, le bateau sur lequel il était embarqué arrivait à la hauteur de la pointe de Corsen (Finistère). La côte est, en cet endroit, très dangereuse, à cause des courants et des récifs innombrables.
Chassé par un vent furieux, le navire était on péril. Tous ces hommes, habitués au danger, pressentaient la mort, et le capitaine, dégrisé par l’imminence de la catastrophe, était sur le pont aidant à la manœuvre. A chaque instant, le navire frôlait des rochers aigus dont les arêtes devaient infailliblement déchirer ses flancs. Enfin il s’échoua brusquement entre deux pointes du roc et demeura, offrant ses cloisons fragiles eux colossales poussées de la mer en furie. C’était la fin.
Sur la côte, distante à peine de cent mètres, on voyait des hommes s’agiter, de braves pécheurs qui essayaient de mettre à flot une barque pour établir un « Va-et-vient », un cordage entre le navire échoué et la côte, afin de sauver l’équipage. Mais c’était en vain qu’ils s’épuisaient dans leurs généreux efforts. Le capitaine prit alors un cordage, y fit un large nœud et dit : Qui veut porter cela à terre ?
Le mousse, l’œil étincelant, et regardant fièrement tous ces hommes qui, depuis tant de jours, l’avaient accablé de coups et d’humiliations, s’écria : « Moi. C’est à moi que cela revient. Je n’ai personne qui me regrettera. Et, sans qu’on eût le temps de l’arrêter, il passa son corps frêle dans le nœud de l’amarre et se lança à la mer.
Il nageait vigoureusement. Frêle, il était soulevé sur les hautes lames comme une feuille qui passe en tourbillonnant.

Comme le vent soufflait du large, chaque fois que l’enfant surgissait de la profondeur pour planer sur le tranchant d’une crête tournante, il approchait du but. Enfin, un hourrah enthousiaste perça le vent et les mugissements de la mer. Le mousse était à terre.
Oui, il était parvenu. Seulement, dans ta dernière secousse, le flot déchaîné l’avait lancé avec rage contre tes rochers aigus. Le cordage sauveur fut saisi par les pécheurs de la côte, mais il n’entourait plus qu’un cadavre. Le pauvre et courageux enfant avait le crâne ouvert : il venait de donner sa vie pour celle de ses bourreaux.

Dans le cimetière de son village, il a une tombe où l’on vient de graver l’inscription suivante :

PIERRE BOZECMOUSSE DE LA MARINE MARCHANDE

MORT EN OPÉRANT LE SAUVETAGEDES HUIT HOMMES DE L’EQUIPAGEDU CHASSE-MAREE SANCTA-MARIA

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78, Hent Menez Land- 29170 Fouesnant
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