S/S Ville de Pernambuco, sister-ship du Ville de Rochefort
Construits en 1881-1882 par les Forges et Chantiers de la Méditerranée à La Seyne, les Ville de Montevideo, Ville de Rosario et Ville de Buenos Ayres, affectés à la liaison Le Havre-Amérique du Sud, sont passés sur la ligne Dunkerque-Algérie-Tunisie sous les noms de Ville de Lorient, Ville de Constantine et Ville de Rochefort.
Lancé en novembre 1881, sous le nom de Ville de Buenos-Aires par les Forges et Chantiers de la Méditerranée à La Seyne (yard 787), pour la Compagnie des Chargeurs Réunis, Le Havre.
C'est un petit paquebot de 2108 tonnes, mesurant 93.9 x 11.24 mètres (305,4 x 36,1 x 25,9 pieds) et propulsé par une machine compound C. 2 cyl (Forges et Chantiers de la Méditerranée), de 208 NHP, lui donnant une vitesse de 10 noeuds.
Il est vendu en 1898, à la la Compagnie des Bateaux à Vapeur du Nord, qui le renomme VILLE DE ROCHEFORT.
S/S Ville de Pernambuco, son sister-ship |
Ville de Rochefort |
Le 13 octobre 1910, il quitte Pauillac à destination de Saint-Nazaire avec un chargement de fonte et de vin, sous le commandement du capitaine Thomas Palvadeau avec un équipage de 25 hommes. A minuit, il double l'île d'Yeu et à une heure du matin, il embarque aux Boeufs, le pilote de Saint-Nazaire, Pichon. Le temps est clair, la mer est houleuse à cause d'une forte brise ENE.
Vers deux heures et demi, alors qu'il est par le travers du phare du pilier, il aperçoit un vapeur qui vient sur lui. Le capitaine lance alors un coup bref de sirène pour annoncer qu'il vient sur tribord. Le vapeur ne répond pas aux appels et au troisième signal, il aborde par le travers babord le VILLE DE ROCHEFORT, ouvrant une énorme brèche dessus et au-dessous de la flottaison. Le capitaine Palvadeau ordonne immédiatement la mise à l'eau des canots, mais son navire coule en moins de cinq minutes.
Le vapeur abordeur est l'anglais PEVERIL de Glascow (Capitaine William McCone), navire de 95 mètres, chargé de vins de Bordeaux. il recueille les rescapés et les conduit à Saint-Nazaire. Un cadavre est rejeté à la côte le 30 octobre
Le SS PEVERIL |
L'épave du VILLE DE ROCHEFORT (photo Benjamin Pepy) |
J'ai rédigé cette fiche grâce au témoignage d'un de nos lecteurs : Michel Martein, dont voici le récit :
"Voici le rapport de mer, du 15 octobre 1910, relatif au naufrage du Ville de Rochefort , au lage de Saint Nazaire C'est une copie réalisée par mon grand-père, Paul Martein, à partir de l'original, consulté sur place, en cours d'escale. Il n'y avait pas de photocopieuses à l'époque et la copie manuscrite était le seul moyen pour les particuliers de transmettre ce genre d'information.
Pourquoi donc avait-il réalisé ce travail de benedictin? Son beau-frère était matelot sur le Ville de Rochefort la nuit où il heurta le vapeur PEVERIL. Au moment du naufrage, ce jeune homme, donna sa brassière à un camarade qui ne savait pas nager. Il remporta presque son pari de gagner la terre par ses propres moyens. Son corps fut retrouvé, encore tiède, dans les roseaux du rivage, par une profondeur de moins d'un mètre d'eau. Il laissait, quelques mois seulement après ses noces, une jeune veuve inconsolable, qui ne s'est d'ailleurs jamais remariée.
Mon grand-père avait redigé et ramené ce document, dans l'espoir que la compréhension de la situation, pourrait aider la soeur de sa femme, à faire son deuil. Je ne pense pas que cela fut un plein succès, mais l'intention était louable.
J'ai gardé la forme manuscrite de ce document. Le caractère d'authenticité s'en trouve renforcé. Il faut reconnaitre aussi que je n'ai pas la patience de mon ancêtre, pour les travaux de recopiage. Ce texte est intéressant pour le navigateur. On y comprend rapidement la nécessité des manoeuvres promptes et franches pour prévenir les abordages.
Sur le plan humain, le récit du naufrage, des hommes luttant pour leur vie, avec solidarité, m'a particulierement touché. J'avais l'impression de participer à une discussion de carré avec les anciens.
Ce sont tous ces aspects informatifs et humains, ainsi que l'évocation de la mémoire de tous ces marins disparus, qui m'incitent a vous communiquer ce document bientôt centenaire."
1. Compagnie des Bateaux à Vapeur du Nord : service de navigation entre Dunkerque, Boulogne, Le Havre, Caen, Cherbourg, Lorient, Saint Nazaire, La Rochelle, Rochefort, Bayonne, Cette, Port Vendres, Marseille, Oran, Alger, Philippeville, Bône, Tunis, Bizerte, Tanger, Arzew, Constantine, Mostaganem, Londres, Fiume, Trieste, Gênes, Naples, Riposto, Bari, Reggio, Palerme, Messine et Catane. Également en correspondance avec tous les services de la Compagnie des Messageries Maritimes. Membres du conseil d´administration en 1899: directeur, Georges Verbreckmoës, R. Francez, F. Morel, Le Roy Dollez . Société maritime basée à Dunkerque , fondée en 1853. 1892: Compagnie Générale des Bateaux à Vapeur à Hélices du Nord
1927: Rachetée par la Société Anonyme de Gérance et d´Armement.
2. SS PEVERIL : cargo 1687 tonnes, lancé le 27 novembre 1882, par le chantier Pearse à Stockton sous le nom de CARINA, pour H. Cloake & Son. Il est vendu en 1907 à l'armement Maclay McIntyre de Glasgow. Il finira sa carrière ferraillé à Preston en 1926.