S/S Ville de Palerme
VILLE DE PALERME, 1629 brt, 1105 net, paquebot, gréé en trois-mâts goélette en acier ,à étrave à guibre, lancé le 26 juin 1883. Il appartient à une serie de neuf navire construits au Royaume-Uni pour la Compagnie Havraise Péninsulaire qui venait de voir le jour au 16 mars 1882 : Ville d'Alger (1881), Ville de Lisbonne (1881), Ville de Valence (1882), Ville de Malaga (1882) , Ville de Metz (1882), Ville de Tarragonne (1882), Ville de Cadix (1882), Ville de Strasbourg (1883), Ville de Riposto (1883).
Contruit par Robert Thompson & Sons, Ltd., Southwick, il mesure 76,01 x 10,41 x 7,54 mètres. Il est équipé de 4 cales et d'une machine compound 2 cylindres (34" & 64-42") fabriquée par G. Clark, à Sunderland, 2 chaudières, placées au centre du navire développant 160 HP.
Il est mis en service sur la ligne Le Havre - Les Antilles pour la Compagnie Havraise Péninsulaire.
"Notre steamer "Ville de Palerme" s'est échoué la nuit, à Ouessant, sur des rochers, au retour d'un heureux voyage aux Antilles et en Méditerranée. Il est complétement perdu. L'équipage seul a été sauvé."
Rapport général à l'assemblée du C.H.P. du 10/05/1887.
Dessin de Pierre ARATA "Ville de Palerme" |
L'Union républicaine du Finistère (11/05/1886) |
Les îliens ont profité des débris du navire portés sur le rivage : "Ainsi, l’auberge Stephan, au bas du bourg, exhibe-t-elle au début du XXe siècle une belle glace récupérée sur le Ville de Palerme.
1. Compagnie Havraise Péninsulaire : elle est née de l’armement havrais Grosos. Baptisée "Péninsulaire" à cause des relations ouvertes par Eugène Grosos dès 1860 avec la péninsule Ibérique, elle touche également l'Afrique du Nord et l'Italie. C’est devant un notaire parisien que le 16 mars 1882 Eugène Grosos s’allie à la Banque Heutsch, la Banque maritime, la Banque Périer frères et Cf. Seront également administrateurs, des représentants de la Banque Eould, du Comptoir d’escompte de Paris et du Crédit foncier colonial. Un capital de 10 millions de francs est ainsi rassemblé, Grosos demeurant propriétaire d’un tiers des actions. La conquête de Madagascar ouvre alors un champ d’activité considérable à la Péninsulaire, pour plusieurs décennies. Le baptême de nouveaux navires est éloquent : Ville de Tamatave, 30 novembre 1898, Diégo-Sunrez, 28 avril 1900, Ville de Majunga, 22 novembre 1900, Djibouti, 3 juillet 1901. Dirigée par les Grosos, puis représentée par Odinet, la Péninsulaire, qui comptait à l’origine parmi ses administrateurs ces deux négociants ainsi qu’Edmond Latham, échappe, au cours des années 1930 au contrôle havrais. I.
L'élimination de la direction havraise semble avoir résulté d'une volonté extérieure qui ne trouve même pas grâce aux yeux de la lustice. En effet, André Grosos avait été nommé le 18 juillet 1907 directeur général en remplacement de son père. Il recevait alors 10 % des bénéfices plus une somme de 175000 F. Plus tard ses émoluments sont portés à 344000 F et ses bénéfices à 15 %. En 1920 « un groupe de capitalistes «* se procure la moitié des actions et obtient voix prépondérante au conseil d'administration. Dans le même temps, le 28 juin, Grosos se voit retirer sa délégation à la Compagnie de navigation Transocéanique, appartenant au même groupe, décision confirmée par le conseil d’administration de la Havraise péninsulaire, qui ne sera plus havraise que de nom. C’est le divorce. La Péninsulaire doit cependant verser plus de 3800000 F de dommages à Grosos pour rupture de contrat'.
Devenue en 1934 Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire, elle est désormais sous le contrôle de Worms qui en assure la représentation au Havre et construit des navires dans ses ateliers du Trait. Au temps de l’Union française, la compagnie, sous la présidence d’Hypolite VVorms, rassemble les représentants de sociétés et de banques parisiennes, marseillaises, lyonnaises . C’est pourtant cette Péninsulaire qui a permis au Havre de devenir entre les deux guerres « le port malgache de la métropole.