Transport de Littoral : LA SEINE
Cargo, construit aux Chantiers de Provence, à Port-de-Bouc, en 1912. Lancé en 1913, son déplacement est de 3.200 tonnes.
Il mesure 81 m. 40 de long, sa largeur est de 11 mètres 05, son tirant d'eau de 5 m. 40. Sa machine triple expansion a une puissance de 1.900 chevaux, qui impriment au navire une vitesse moyenne de 12 nœuds.
Affecté comme transport côtier de la marine de l'Etat, il opère le ravitaillement en matériel des ports militaires du littoral Océan, Afrique et Méditerranée. Son état-major se compose de 4 officiers, et son équipage de 60 hommes.
"Le 20 décembre, le transport Seine, allant de Rochefort à Toulon, se trouvant dans le Golfe de Gascogne par gros temps, Après avoir contourné l'île d'Oléron et franchi la pointe de Chassiron, une grosse houle gêna sa marche. Le tangage était considérable, si bien que, vers 10 h. 30, une dislocation des tôles de l'avant se produisit et une voie d'eau apparut.
Le commandant fit aveugler la voie d'eau, il essaya de gagner la Gironde. A 19 h. 30, la voie d'eau s'est agravée, et n'a pu être aveuglée et à 22 h 45 le commandant a ordonné l'évacuation du bâtiment. L'équipage compose de 3 officiers et de 66 hommes a été recueilli en entier par le vapeur "Meknès" et le chalutier "Goulfar II". Le croiseur de 10.000 tonnes "Dupleix" est arrivé à minuit 30 près du transport. Seine. Son commandant, le capitaine de vaisseau Despaix, a pris la direction du sauvetage. A 6 h. 25, le 22 décembre, la Seine flottait.
C'est un transport du littoral, d'un déplacement de 3.200 tonnes et qui fut lancé en 1913. Lorient, le 21 décembre. On apprenait ce matin, au port de Lorient, que le transport de l'Etat Seine se trouvait en perdition au large de Bordeaux. On signalait au début que le navire, à la suite d'un abordage, avait reçu une voie d'eau très grave et qu'il menaçait de couler." "Le transport de l'Etat "Seine", était entré en collision avec un navire anglais, voici huit jours environ, dans la rivière la Charente, alors qu'il se rendait de Rochefort à Bordeaux.(2)
Le navire se trouvait à 60 milles environ dans l'ouest de la pointe de Graves, entrée de la Gironde, par 45° 31 Nord et 2° 25 Ouest (Greenwitch) quand on signala au commandant, le capitaine de corvette Brun, de l'eau dans les cales avant. La mer envahissait littéralement le compartiment. Le commandant se rendant compte de la gravité de la situation lança des S. O S. qui furent bientôt reçus par le paquebot Meknès de la ligne Bordeaux-Casablanca et le chalutier à vapeur "Goulphar", de La Rochelle, qui se rendirent aussitôt à son appel. Bientôt les deux navires étaient à ses côtés, le commandant Brun jugea la situation assez critique pour ordonner l'évacuation immédiate du navire dont l'effectif se compose de 4 officiers et de 60 hommes d'équipage. La plus grande partie passait à bord du "Goulphar II " dans l'ordre le plus parfait, cependant que la mer grondait au large."
"Quoi de plus sinistre qu'un S.O.S. dans la nuit, alors que la mer est très grosse. Le croiseur "Dupleix" de 10.000 tonnes de la deuxième escadre était sur rade de Quiberon, où s'achèvent les manœuvres de la force navale. L'amiral commandant en chef fut avisé des signaux de détresse de la Seine; peu après on poussait les feux à bord du Dupleix qui, à la vitesse de 23 nœuds, s'élançait de la mer bretonne vers le Golfe de Gascogne. A une telle allure, il devait être sur les lieux vers 23 heures ou minuit. Le paquebot "Meknès" était toujours aux abords de la Seine et le chalutier "Goulphar II " avait sur son pont les évacués du transport; on ne pouvait songer à les laisser sur ce bateau où l'équipage avait été accueilli avec cette grande cordialité si appréciée entre gens de mer, et c'est à bord du Dupleix qu'ils furent transférés." "Pendant ce temps, on avisait tous les ports voisins : Bordeaux, Royan, La Rochelle, Lorient furent prévenus. L'amiral Nielly, commandant la marine du 3ème arrondissement envoyait sur les lieux le remorqueur Blavet. D'autre part le fort remorqueur Le Vent, de Bordeaux, partait au secours de La Seine. Le remorqueur allemand "Seefalk", de la station de Douarnenez, offrait par T. S. F. ses services, mais le commandant de La Seine ayant à ses côtés des navires français, le remerciait de son offre d'assistance et de sa cordialité. L'accident serait dû à une disjonction des tôles de l'avant, aggravé par le gros temps, mais serait la conséquence de cet abordage dont nous parlons ci-dessous. On espère beaucoup que la cargaison du navire, qui se compose d'appareils genre flotteurs, destinés à la protection des carénages, permettra le sauvetage du transport. Hier, à midi, le convoi se trouvait à 55 milles dans le sud-ouest du phare de Chassiron (île d'Oléron) et avançait à la vitesse de deux nœuds. Il est attendu, si tout va bien, jeudi matin à La Pallice. Mais il se pourrait cependant que, par suite de l'importance de la voie d'eau, le transport Seine ne puisse aller jusque là."
"Le croiseur Dupleix, à bord duquel a été transbordé l'équipage du transport Seine, est arrivé sur rade de La Pallice à minuit, mercredi soir, avant d'appareiller pour Brest jeudi soir, à 15 heures. Deux heures après lui, arrivait sur rade le remorqueur Vent, qui avait pris le transport Seine à la remorque, en direction de La Pallice, mais la Seine n'était plus traînée par lui, ayant coulé mercredi soir, vers 11 h. 30, à 30 milles d'ici."
L’Ouest-Eclair (23/12/1932)
"Lorsque le Dupleix reçut les appels de détresse, mardi soir, vers 8 heures, il se trouvait entre les pointes de Penmarch et de Quiberon II se porta à toute vitesse au secours de la Seine, qu'il rejoignit mercredi matin à 2 h. L'équipage avait déjà été recueilli : une trentaine d'hommes par le paquebot Meknès, un autre groupe de même Importance sur le chalutier "Goulphar" lequel avait quitté La Rochelle lundi pour pêcher. Quand le croiseur fut arrivé, le paquebot, afin de continuer sa route, fit passer les hommes recueillis à bord du "Goulphar", où ils passèrent le restant de la nuit."
"Mercredi matin, à 10 heures, le "Goulphar" transbordait à son tour la totalité de l'équipage de la Seine sur le croiseur Dupleix, où il est resté. On a pu retirer de la Seine tous les papiers utiles, mais tous les sacs de l'équipage sont restés à bord et ont coulé avec le navire. De son côté, le remorqueur Vent, qui était arrivé sur les lieux mercredi matin vers huit heures, engageait des pourparlers avec le Dupleix pour fixer les conditions de son assistance : ce qui demanda un certain temps en raison de la nécessité de recevoir des instructions du ministère de la Marine. A onze heures, la Seine passait sa remorque au Vent et le convoi se dirigeait Pallice à faible vitesse, surveillé par le croiseur Dupleix, qui l'escortait." "Quand le convoi fut arrivé à environ trente milles ouest-sud-ouest de Chassiron, pointe nord de l’île d’Oléron, la Seine, qui piquait déjà sérieusement du nez, plongea soudainement par l'avant, et en quelques secondes eut complètement disparu. Les projecteurs du Dupleix n'éclairèrent plus que des épaves éparses à la surface de la mer. Le croiseur Dupleix et le remorqueur Vent reprirent leur route sur la rade de La Pallice, où ils arrivèrent : le premier vers minuit, le second deux ou trois heures après. Le remorqueur Vent est reparti de la rade de La Pallice mercredi matin à 9 h. 50 en direction de la Gironde..."
" ROCHEFORT-SUR-MER, le 23 décembre. Avant que les remorqueurs envoyés de Brest et de Lorient ne soient arrivés près de la Seine, le navire, que la houle fatiguait énormément et dont la gite s'accusait, a sombré au Sud-Ouest de la pointe de Chassiron, à l'extrémité de l’île d'Oléron, par 60 "mètres de fond, mercredi soir, vers 20 heures. Peu après que le remorqueur Vent eut coupé les amarres, la Seine coula à pic. Le Dupleix qui l'escortait gagna aussitôt la rade de La Pallice. A noter que la-seine transportait à son bord de nombreux radeaux de sauvetage. Us permettaient d'espérer que le navire pourrait flotter jusqu'au port (sic !)..."
L'équipage de la Seine |
Le commandant Célestin Brun et son défenseur |
1. En 1899, à la porte du XXe siècle les chantiers et ateliers de Provence, spécialisés dans la construction navale s’implantent à Port-de-Bouc. Ils fermeront en 1966. (http://www.ina.fr/economie-et-societe/vie-sociale/video/CAF96025818/le-point-sur-les-chantiers-navals.fr.html)
2. La collision : Le transport "Seine" avait été victime d'une collision à Rochefort le 21 décembre. La deuxième escadre faisait des manœuvres de nuit au sud de Quiberon hier soir, quand elle fut alertée par des radios de la "Seine", transport de la marine militaire commandé par le capitaine de corvette Brun. Le navire, qui avait successivement chargé du matériel à Cherbourg, à Brest, à Bordeaux, puis à Rochefort, avait quitté une première fois ce port la semaine dernière, lorsque, au pont transbordeur de Martrou, un cargo charbonnier anglais, le "GREATEND", l'aborda à la suite de circonstances actuellement soumises à une Commission d'enquête. La Seine dut faire demi-tour pour se faire réparer dans l'arsenal. Le bateau, atteint à quatre mètres au-dessus de la ligne de flottaison, était endommagé vers la passerelle sur onze mètres de long et 1 m. 30 de large. Ses réparations achevées et contrôlées par l'Ingénieur en chef du Génie maritime Massenet, il avait quitté Rochefort mardi matin, à huit heures, se dirigeant vers Toulon.
3. GREATEND : cargo, lancé le 16 novembre 1920, sous le nom de VILLE DE DANNEMARIE, par le chantier Thornycroft à Woolston (yard 988), pour la société Charbons et Transports . Cest un cargo à vapeur de 1424 tonnes, mesurant 73 x 11. En 1921, il passe sous pavillon angalis pour E. R. Newbigin et il est rebaptisé GREATEND. En 1941, il passera sous pavillon espagnol sous le nom de CASTILLO NORENA, avant de finir sa carrière en 1965, sous le nom de MARGARA, pour V. Suarez & Co.