Les Lisen (à gauche canot récupérateur, à droite canot torpilleur) |
Les canots explosifs de type LADUNGSSCHNELLBOOT LINSE (lentilles) furent utilisés par les Allemands en 1944. Leur conception était fondée sur les canots italiens de type M.T.M.(1) Il s'agissait de canots d'environ cinq mètres de long construit par Rambeck / Starnberg. Ils disposaient à l'avant d'une charge explosive de 350 kilos.
Ils opéraient par groupes de trois : deux canots monoplaces et un canot de contrôle biplace de type M.T.S.M.A. chargé du radio guidage. Dans les conditions idéales, le pilote dirigeait le canot explosif le plus près possible du navire et arrivé à cent mètres de l'objectif sautait dans l'eau avant l'impact. Le canot était alors pris en charge par l'opérateur radio situé dans le canot de contrôle pour l'approche finale. Ce canot devait aussi récupérer le pilote tombé à la mer.
Cette manoeuvre était particulièrement difficile de nuit. Le succès de l'opération était fondé avant tout sur l'effet de surprise grâce à la grande vitesse de pointe des canots qui atteignait 31 noeuds.
Flottille de LADUNGSSCHNELLBOOT LINSE
"Ils mirent au point la méthode suivante : Une section s'approcherait du mouillage présumé des navires ennemis à 12 nœuds, donc avec les moteurs au ralenti. Deux des embarcations auraient chacune un pilote. La troisième serait transformée en canot de commandement, c'est-à-dire qu'elle ne posséderait pas sa charge explosive mais embarquerait deux Hommes K supplémentaires. Le pilote de ce canot exercerait en même temps le commandement de la section. Les trois embarcations navigueraient en formation très serrée. A la découverte de silhouettes de navires ennemis, on choisirait rapidement les buts. L'approche s'effectuerait cependant encore avec le moteur au ralenti parce que, dans le cas contraire, et malgré l'existence d'un silencieux, le bruit du moteur lancé à pleine puissance risquait d'alerter l'adversaire et de lui donner le temps de manoeuvrer pour éviter l'attaque. Le canot de commandement suivrait de près les deux autres. Puis un signal convenu déclencherait l'assaut. Le pilote, d'une main, lancerait le moteur à toute puissance, et, de l'autre, brancherait l'appareil permettant le téléguidage. Les embarcations en bois fonceraient sous la poussée de leur moteur de 95 CV , Ford V-8, 3,6 litres. Le pilote resterait encore un moment à bord pour vérifier que la sienne se dirigeait bien droit sur le but puis, à quelques centaines de mètres de celui-ci, sauterait à l'eau, où il demeurerait, avec sa ceinture de sauvetage jusqu'au moment où les camarades viendraient le reprendre. Mais, auparavant, le canot de commandement aurait plusieurs tâches à remplir. 'tout d'abord il lui faudrait assurer le téléguidage des embarcations désormais sans pilotes, en commandant le gouvernail par ondes ultra-courtes. C'était pourquoi il portait deux hommes...
"Nous prîmes congé du chef de flottille un peu avant 23 heures et reçûmes l'autorisation de partir. Un étroit passage avait été pratiqué dans le champ de mines existant devant Houlgate. Il était balisé des deux côtés par nos camarades, montés sur des canots pneumatiques et montrant de petites lampes rouges. Nous le franchîmes sans incident et prîmes une route parallèle à la côte. La mer était parfaitement calme, à part une houle extrêmement légère qui ne nous causa aucun ennui. Les conditions étaient bien différentes de celles de la première attaque, en juin (2), où nous avions dû concentrer toute notre attention et toutes nos forces sur la lutte contre les vagues. Le ciel était un peu couvert mais la lune paraissait de temps à autre par un trou entre les nuages. Nous restâmes en vue de la côte et pûmes bientôt constater, grâce au croquis panoramique dont nous disposions, que nous étions parvenus à la hauteur de l'embouchure de l'Orne, c'est-à-dire à la limite du secteur occupé par l'ennemi.
Nous mîmes alors le cap vers le large pour éviter les mines mouillées en cet endroit. Nous venions à peine d'effectuer ce changement de route qu'un projectile éclairant dépota juste au-dessus de nous, venant de terre. Je stoppai immédiatement le moteur pour diminuer les chances d'être découverts, Gorzawski, dans son canot explosif, eut la même réaction. Rien ne se produisit et nous remîmes en marche. Un second projectile éclairant s'alluma presque aussitôt. Nous recommençâmes la manoeuvre qu'il fallut répéter à plusieurs reprises. Dès que le bruit du moteur se faisait entendre, la terre tirait un nouveau projectile éclairant niais ne réagissait plus dès que nous stoppions. Nous décidâmes finalement de nous écarter à grande vitesse pour sortir au plus vite de la portée des batteries terrestres.
Nous perdîmes la côte de vue, et gouvernâmes au nord-ouest, vers les ports de débarquement. A partir de 0h 40 nous vîmes de nouveaux obus éclairants s'allumer à intervalles irréguliers, très loin sur notre avant. Ils provenaient certainement de navires que nous ne voyions pas mais dont ils nous indiquaient la direction. Il ne se passa rien de particulier jusqu'aux abords du premier port aménagé devant Courseulles, et les Hommes K ne prirent pas contact avec les lignes serrées des navires de guerre, établies plus au large. Une seule fois, ils en aperçurent trois ou quatre, à très grande distance, et jugèrent que c'étaient des patrouilleurs. Les canots augmentèrent de vitesse pour s'éloigner rapidement mais reprirent bientôt leur vitesse normale, l'ennemi ne les ayant manifestement pas décelés. C'était fort encourageant, car les pilotes s'attendaient à être découverts, canonnés et poursuivis avant d'avoir trouvé un but intéressant. Ils se fiaient cependant à la rapidité et à la manoeuvrabilité de leurs engins pour forcer une ligne de défense très serrée, et surtout au fait qu'ils constituaient un objectif très peu visible, extrêmement difficile à atteindre. On voit tout de suite la différence essentielle avec les "Neger" (3) qui avaient eu à opérer dans la même région. L'invisibilité presque absolue de ceux-ci constituait leur arme de défense principale, mais, une fois découverts, ils se trouvaient à la merci de l'adversaire. Les pilotes de "lentilles", au contraire, avaient plus de chances d'être décelés mais, même dans ce cas, ils conservaient d'excellents atouts dans la partie de vie ou de mort qui s'engageait alors. De fait, au cours des deux premières nuits où les "lentilles" de la flottille.
"Vers 1h. 30, nous distinguâmes trois navires par bâbord avant. Ils nous parurent immobiles, et nous pensâmes qu'ils étaient mouillés. Gorzawski les vit également et vint tout à côté de nous. Nous stoppâmes les moteurs pour nous concerter. Nous ne pouvions préciser s'il s'agissait de grands bateaux très éloignés ou de petits assez rapprochés. La confusion précédemment faite avec nos propres camarades constituait un avertissement et nous décidâmes de nous approcher à demi vitesse. La lune se cacha et nous perdîmes les silhouettes de vue mais elles reparurent dix minutes plus tard sous des fusées éclairantes. Nous les estimâmes alors distantes d'un ou deux milles. Nous eûmes encore un bref entretien avec Gorzawski. Lui aussi pensait qu'il s'agissait de buts intéressants. Nous décidâmes alors d'attaquer le bateau le plus à gauche, dont la silhouette semblait la plus importante. Nous nous souhaitâmes mutuellement bonne chance et la manoeuvre commença. Le canot explosif prit la tête, je gouvernai dans son sillage. Au bout de quelques minutes Gorzawski signala, par des éclats verts et rouges, qu'il était prêt. "J'espère qu'il n'oubliera pas de brancher l'appareil de téléguidage, s'exclama Preuss. Lui-même avait déjà pris son émetteur et le tenait sur les genoux. Brusquement le canot qui me précédait se cabra et son hélice souleva un énorme sillage. Je mis également mon moteur à toute puissance et me tins à une vingtaine de mètres derrière lui, pour ne pas avoir la vue gênée par les embruns. A aucun prix je ne devais laisser échapper le moment où il sauterait à l'eau. J'avais pour mission de bien remarquer l'endroit afin de pouvoir repêcher ultérieurement notre camarade. "
" Gorzawski se leva à demi dans son canot et nous fit un geste pour annoncer qu'il allait sauter. Les lampes rouge et verte s'allumèrent enfin. Il se pencha une nouvelle fois pour exécuter les ultimes manoeuvres. Puis son corps se dressa brusquement, il monta sur la petite teugue et se laissa tomber latéralement à la mer. Quelques secondes plus tard nous passions à toute vitesse auprès de lui. Preuss annonça que tout était en ordre, qu'il avait pris la direction du canot. Je diminuai l'allure du moteur et la distance entre les deux embarcations s'accrut rapidement. Pendant un instant je distinguai moi-même la silhouette du bateau, sa coque et ses superstructures ; il me parut très gros et très près. Le premier canot fonçait sur lui. Mes camarades me dirent de venir à la route inverse, les lampes rouge et verte demeurant très visibles. Je diminuai encore l'allure du moteur, mis de la barre à gauche, et décrivis un demi-cercle pour me retrouver exactement au cap opposé. Notre "lentille" devait le frapper en moins d'une minute. Il était effectivement mouillé, donc dans l'impossibilité d'exécuter une manoeuvre de parade. Nous ne pouvions le manquer ! Lindner et Preuss regardaient toujours vers l'arrière pour suivre les points lumineux. Moi-même j'explorais la mer pour découvrir Gorzawski dont nous ne devions plus être très éloignés...
"A ce moment tout s'anima autour de nous. Plusieurs fusées lumineuses s'allumèrent simultanément. Notre "lentille" venait sans doute d'être découverte. Il aurait fallu des pointeurs bien adroits pour l'arrêter avant le choc. En un tournemain la nuit s'illumina. Une vaste lueur d'incendie colora le ciel vers le nord-est. Elle devait provenir d'un pétrolier, dit Lindner. Je ne me retournai pas pour voir, continuant de chercher notre camarade. Tout à coup je l'aperçus, latéralement, presque par le travers. J'avais failli le dépasser Il agita le bras, et nous voyait venir depuis longtemps. A ce même moment Lindner et Preuss poussèrent un cri. Un éclair avait jailli de notre but. Je le vis moi-même bien que mes yeux ne fussent pas tournés dans cette direction. A la même seconde les lampes rouge et verte s'éteignirent. Notre canot avait touché et coulé après le choc ! Très peu de temps après nous entendîmes une violente explosion, beaucoup plus forte que la précédente. C'était la charge de notre "lentille" qui sautait!
Je ne perdais pas Gorzawski des yeux. Décrivant un nouveau demi-cercle je vins stopper tout près de lui. Nous le saisîmes et le hissâmes à bord. Ce ne fut pas difficile à cause de la légère houle. Il était trempé jusqu'aux os mais tout son visage rayonnait, et la première chose qu'il nous dit fut que nous avions joliment bien manoeuvré. C'était également notre avis et nous étions aussi heureux que lui, mais la danse allait commencer…."
"Achtung : K-Manner", Cajus Bekke
HMS QUORN |
HMT GARSEY (Imperial War Museum A-16384) |
Destroyer de classe Hunt, construit par J. Samuel Whiteand Co., Cowes. Lancé le 27 mars 1940, mis en service le 21 septembre 1940. Affecté à la 21 Flottille de Destroyer de Harwich. Cette flottille était destinée à la protection de convoi et aux patrouilles. Le Quorn restera avec cette flottille pendant toute sa carrière. En août 1941, il déclenche une mine à quarante mètres de son côté tribord. Il est réparé au Chantier naval de Chatham. En avril 1942, il heurte une nouvelle mine qui provoque une brèche de 9 pieds par 15 pieds. Remorqué à Harwich , les réparations prennent 4 mois. Le 13 octobre 1942, il est l'un des cinq destroyers qui interceptent le croiseur auxiliaire allemand Komet dans la Manche. En juin de 1944, le HMS Quorn escorte pour les convois pendant l'Opération Neptune. Le 3 août, il est coulé par une charge lancée par un bateau à moteur. Les marins passent huit heures dans l'eau avant être sauvés et beaucoup périssent par noyade. Quatre officiers et 126 hommes trouvent la mort.
Déplacement : 1,000 t 1,340 t pleine charge. Longueur : 85 m (278 ft 10). Baud : 8.8 m (28 ft 10). Profondeur : 3.27 m (10 ft 9 in). Propulsion : 2 Admiralty 3-drum boilers 2 shaft "Parsons Marine Steam Turbines" Parsons, 19,000 shp. Vitesse : 27.5 noeuds. Autonomie: 3500' à 15 noeuds et 1000' à 26 noeuds Equipage : 146 hommes. Armement : 4 × QF 4 in Mark XVI guns on twin mounts Mk. XIX - 4 × QF 2 pdr Mk. VIII on quad mount MK.VII - 2 × 20 mm Oerlikons on single mounts P Mk. III - 40 depth charges, 2 throwers, 1 rack.
MS Trawler Classe Isles, lancé le 28 mai 1942 par Ardrossan Dockyard , Ardrossan (yard 389). Les classes "Isles" comprendront 197 navires construits entre 1939 and 1945. Le chalutier Gairsay était parmi les navires utilisés comme mouilleur de mines sur le front de Normandie en été 1944. Dans la nuit du 2 au 3 août le Gairsay coule en quelques secondes, victime d'un bateau à moteur allemand contrôlé à distance avec une charge explosive fixée dans sa structure. La plupart de marins périssent noyés.
Déplacement : 545 BRT, 164 x 27,5 x 14 pieds. Capitaine : Charles Henry Homer-Lindsay. Equipage 4 officiers + 36 hommes. Vitesse maximale :12 noeuds; Armement : 1 X 12 pounder AA gun 3 20 mm AA (3x1). Motorisation : Reciprocating engine, 1 hélice, 650 NHP Power 850
Liberty ship type EC2-S-C1, lancé par le chantier New England, Portland West (#2191) sous le nom de ELIAS H. DERBY. Dimensions 134,6 x 17,4 pour un tonnage de 7219 brut. Remis aux Anglais, il prend le nom de SAMLONG. Il est affrété par la Prince Line Ltd, Londres. Il participe en juin 1944, aux opérations de débarquement. Le 3 août 1944, il est coulé par une charge explosive en baie de Seine.
En 1945, l'épave a été rapatriée dans la rivière Blackwater où elle est restée jusqu'à 1948. Ensuite a été remorquée à Hendrik Ambacht et féraillée en 1949.
Samlong
SAMLONG
: Latitude : 49° 24', 3500 N - longitude : 000° 28', 4000 W
HMS QUORN : Latitude : 49° 28', 0000 N - longitude : 000° 12', 0000 W
HMT GAIRSEY : Latitude : ? N - longitude : ? W
1. Les canots explosifs de type M.T.M (Motoscafo Tourismo Modificat) dénommés"Barchino" étaient de minuscules embarcations de 6,11 x 1,665 mètres . Propulsés par une moteur Alfa Romeo “6c./2500” de 90 HP donnant une vitesse de 31 noeuds, déplaçant 1200 kilos avec une autonomie de 85 milles. Il ne disposaient pour seule arme que d'une charge explosive de 330 kilos placée à la proue et destinée à percuter un navire à pleine vitesse. Le pilote amorçait la charge à 100 mètres de lobjectif pour avoir ensuite le temps de sauter avant l'impact.
2 . Voir la fiche HMS MAGIC
3. Le Neger fut la première tentative de construire un "Kleinkampfmittel" c'est à dire un sous-marin de poche . Il a été construit en grand nombre et sans grandes difficultés, une solution simple a été choisi: deux torpilles G7e (1) étaient reliées l’une sur l’autre. Dans la torpille supérieure la charge a été enlevée, remplacée par un dôme transparent et un habitacle conducteur. Le Neger doit approcher de près sa cible, mettre le feu à sa torpille inférieure et se désengager. Etant donné que ce « navire » n'est pas en mesure de plonger, il est très vulnérable face aux attaques ennemies. Une fois le dôme transparent endommagé, le pilote n’a presque aucune chance de s’échapper du Neger en perdition. Le Neger a été utilisé en Italie en avril 1944, en dépit de lourdes pertes, il est également utilisé contre les navires de tête de pont du débarquement. Environ 200 Neger ont été construits. Longueur : 7,0 m , diamètre : 0,53 m. Armement : 1 torpille 53,3 cm (G7e) Performance : 12 HP (batterie), Vitesse: 4-6 noeuds, Autonomie : 18-20 milles.