SS KATINGO, ex AEON (1906) ; ex ALEXIOS GANGIOS (1923)
KATINGO, c argo N° officiel 105852, lancé le 13 juillet 1896, sous le nom d'AEON par les chantiers Ropner & Son., à Stockton-on-Tees (yard 235), pour l'Aeon S.S.Co Ltd (Newman & Dale) de Londres qui devient en 1900, la Newman & Dale S.S. Co. Ltd., de Londres.
Il mesure 95,7 x 13,4 mètres (314 x 44 x 20,7 pieds) et un tirant d'eau de 23,3 pieds. Il est propulsé par une machine triple expension construite par Blair & Co., à Stockton qui développe 246 NHP.
En 1906, il est vendu à un armateur grec, A. Gangios, et il est renommé ALEXIOS GANGIOS avec pour port d'attache Le Pirée. La même année, il est cédé à la compagnie de Navigation à Vapeur Panhellénique, du Pirée et il reprend son nom d'origine AEON. Il restera dans cette compagnie jusqu'en 1923, date à laquelle, il est acheté par l'armement C. Hadjipateras & Fils, toujours au Pirée, qui lui donne son dernier nom : KATINGO.
Le naufrage du Katingo (Photo Ouest-Eclair) |
La cargo abordeur le SS Annunzione (Photo Ouest-Eclair) |
Le vapeur italien Assunzione, capitaine Spataro, de Guglielmo, affranchi à Ostie, avait quitté Augusta sur lest, à destination de Rotterdam, où il devait prendre un chargement de charbon. Lundi, vers 22 heures, il se trouvait à environ 60 milles dans le suroit d'Ouessant, par 48° 10' de latitude nord et 6° 8' de longitude ouest. La mer était belle, mais une brume intense rendait la visibilité presque nulle. Le commandant italien ne voyait pas l'avant de son navire. L'Assunzione avait réduit sa vitesse et faisait retentir sa sirène toutes les demi-minutes. Tout à coup, le capitaine Spataro aperçut devant lui une masse sombre qui émergeait de la brume. Au même instant un choc formidable ébranla son navire. Immédiatement la sirène d'un autre vapeur annonçait sa présence. Hélas ! il était trop tard. Les deux cargos s'étaient trouvés nez à nez et étaient entrés en collision par leurs pics-avants.
L'Assunzione battit immédiatement en arrière et parvint à se dégager. Etant donné la brume, il était difficile à son commandant de se rendre exactement compte de ses avaries. Il devait constater plus tard que l'avant du navire avait été enfoncé et éventré sur une profondeur d'environ trois mètres et une hauteur de six à sept mètres. Fort heureusement le vapeur était allège et la déchirure se trouvait au-dessus de sa ligne de flottaison. Dans la partie immergée les tôles étaient enfoncées mais la cloison étanche du pic avant avait résisté, de telle sorte que le cargo ne faisait pas d'eau. Aussitôt après l'accident, l'autre navire avait envoyé un S. O. S. par radio, cependant sans indiquer sa position. Il s'agissait du cargo grec Katingo, du port du Pirée, qui revenait, de Rotterdam avec un chargement de charbon.
Tandis qu'ils s'affairent eux-mêmes sur l'Assuzione, les Italiens perçurent dans la brume des appels au secours provenant du Katingo. Quelque temps après d'équipage grec, composé de 19 hommes, mettait les embarcations à la mer et il était recueilli par l'Assunzione. Le commandant grec, Koustantinos Lemos, expliqua alors que la brume l'avait empêché de se rendre compte de l'importance des avaries de son navire, atteint lui aussi à son pic avant, mais que l'eau ayant envahi rapidement les cales, il avait jugé prudent de l'abandonner.
Vers minuit 15, L'Assuzione envoyait un radio pour annoncer la collision, ajoutant que le commandant du Katingo demandait pour son navire l'assistance d'un remorqueur. L'Iroise en station à Brest, appareilla immédiatement, suivi peu après par l'Abeille 24. En attendant leur arrivée, l'Assuzione demeura sur les lieux. A 3 h. 45, il faisait savoir que l'épave du Katingo était dangereuse pour la navigation. Vers 5 h 30, l'Iroise se trouvait en vue. A ce moment le capitaine grec et quelques hommes de son équipage se firent transborder sur le Katingo, qui flottait toujours. Mais le navire se trouvait dans une situation de plus en plus critique. Tout son avant était immergé jusqu'à la passerelle.
L'assistance de l'Iroise fut acceptée et celui-ci se mit aussitôt en devoir de passer une remorque sur l'arrière du cargo grec. Après que l'équipage du Katingo eût été transbordé à son bord, l'Iroise prit le navire en remorque vers 6 h. 30 et fit route sur Brest, marchant environ à deux ou trois noeuds. Tandis que l'Abeille 24 escortait le convoi. L'Assunzione se dirigea par ses propres moyens vers Brest, et il mouilla en grande rade à 17 heures. Cependant le remorquage du Katingo par l'Iroise présentait les plus grandes difficultés et l'on se demandait si le cargo pourrait tenir jusqu'à son arrivée à Brest où il serait immédiatement échoué sur le banc de Saint-Marc. L'lroise remorquant le Katingo par l'arrière, son avant étant complètement écrasé, le vapeur faisait des embardées; d'autre part, l'eau gagnait sans cesse et le navire grec s'alourdissait de plus en plus. L'Abeille 24 dut prêter main-forte à l'Iroise pour faciliter le remorquage et hâter son arrivée dans notre port. A 15 h 30, le convoi se trouvait à 48 milles de Brest. Heureusement les sauveteurs bénéficiaient d'une mer très calme. Vers 19 heures, le Katingo se trouvait en vue d'Ouessant et à 20 h. 25, le sémaphore de la Pointe Saint-Mathieu l'apercevait à 7 milles dans l'Ouest. L''avant du cargo grec était entièrement immergé jusqu'à la passerelle.. On pouvait croire, à ce moment, que les cloisons étanches tiendraient désormais jusqu'à Brest, lorsqu'à 20 h. 30, le même sémaphore annonçait que le Katingo venait de sombrer à 2 milles environ dans le Sud des Pierres-Noires. le cargo Katingo chavira brusquement et piquant du nez davantage, s'enfonçait dans l'abîme à tout jamais. Le Katingo avait sombré par 60 mètres, alors-que les deux remorqueurs brestois, l'Iroise et l'Abeille 24 étaient encore en remorque; on eut tout juste le temps de couper les haussières. Aucune explosion ne se produisit, l'équipage grec ayant laissé tomber les feux. De nombreuses épaves marquaient, dans un remous gigantesque, l'endroit où venait de sombrer le bâtiment. Le remorqueur Iroise avec les naufragés et l'Abeille 24 rentrèrent immédiatement à Brest. Les rescapés grecs sont descendus dans un hôtel de Brest à 23 heures 30. Hélas un chauffeur de l'équipage grec du Katingo, qui dormait dans le poste d'équipage à l'avant du navire, a été broyé par l'ètrave du cargo italien. Le mort est un nommé Isidore Kiriacos, né à Chios, et âgé de 24 ans, célibataire. Le corps a coulé avec le navire.
Brèche dans le pic avant de l'ASSUNZIONE (Photo Ouest-Eclair) |
Equipage du KATINGO (Photo Ouest-Eclair) |
1. L'île Oinousses grouille d'armateurs célèbres qui sont un pan de l'histoire maritime grecque.On y trouve les Pateras, les Hadjipateras, les Lyras, les Samonas, et bien entendu les Lemos. Ces familles possèdent plus de 500 navires, des plus petits aux plus gros. Leur premier vapeur remonte à plus de 100 ans, trois familles s'unirent pour l'acquérir.
2. ASSUNZIONE : Cargo lancé le 1 avril 1911 sous le nom d'EXFORD par les chantiers Craig, Taylor & Co à Stockton (yard 144) pour la Tatem Steam Navigation Co. Ltd. (W. J. Tatem & Co.), Cardiff . Il a 4.531 tonnes de jauge brute et 2.730 tonnes de jauge nette, et 120 mètres de long. Il est propulsé par une machine triple expension de la North East Marine Engineering, de Sunderland . Le 19 octobre 1914, il est arraisonné par le croiseur allemand EMDEN. Il est repris par les Anglais le 11 décembre 1914 et sera renommé BRENDON. En 1922, il est vendu en Italie à la Lloyd Mediterraneo Soc. Italiana di Navigazione, de Gênes qui le baptise VALNEGRA. Il change encore de nom en 1934 : ASSUNZIONE pour la compagnie Fratelli Rizzuto, de Naples au moment de l'accident. En 1951, il devient le SANTA ELISABETTA pour la Soc. Officine G. Malvicini Vapori, de Gêne et sera féraillé à La Spezia, le 26 février 1953