SS Johanna
JOHANNA, cargo achevé en août 1917 par les chantiers Jonker & Stans à Hendrik-Ido-Ambacht (Yard 135), pour l'armement hollandais N.V. Maats SS Johanna (J. de Poorter), Rotterdam.
Il mesure 275 x 40,2 x 17 pieds pour un tonnage de 2076 brt. Il est propulsé par un moteur trois cylindres (19", 32" & 51"-36"), fabriqué par Wilton's E & Slipway, Co., Rotterdam) , de 206 NHP qui lui confère une vitesse de 9.5 nds.
"Une brume extrêmement épaisse régnait, depuis vendredi après-midi sur mer, lorsque vers 23 h. 45, le poste de T. S. F. d'Ouessant captait le message suivant :
"Ici Johanna échoué probablement à Armen ; donnez-moi ma position par rapport à Ouessant ".
En même temps qu'il fournissait ce point au vapeur Johanna, le poste d'Ouessant alertait la préfecture maritime de Brest en ajoutant que le navire demandait une assistance immédiate. De son côté, le remorqueur de sauvetage Iroise avait capté le S. O. S. du Johanna, avec lequel il entra aussitôt en relation par l'intermédiaire de la station d'Ouessant. Son assistance ayant été acceptée, et après avoir obtenu quelques précisions sur le point du navire en détresse. L’Iroise appareilla du port de commerce pour se porter à son secours. Il était alors 2 h. 45, mais le remorqueur arrivé à la hauteur du phare du Portzic dut renoncer à poursuivre sa route. La brume était dense au point que le commandant Malbert ne distinguait pas l'avant de son propre bâtiment. Il décida de demeurer mouillé en rade en attendant que la brume se soit dissipée un peu.
Vers 5 heures, il put quitter son mouillage et à 9 h. 30, il doublait le phare d'Armen, le Johanna se trouvant dans le Sud de la Chaussée de Sein. Au cours d'une éclaircie, le commandant Malbert aperçut le navire naufragé engagé très avant dans les récifs terribles, non loin du phare d'Armen, à un tiers environ de la distance séparant ce phare de l'île de Sein. L'accident étant survenu à mi-marée, il est même extraordinaire que le Johanna ait pu naviguer aussi loin au milieu des roches avant son échouage.
L'arrière reposait sur les roches et se trouvait à dix mètres de la surface de la mer, tandis que l'avant se trouvait immergé. Le commandant Malbert ne pouvait songer à s'approcher du vapeur hollandais et il demeura à environ deux milles de lui. Dans les parages, se trouvait également le remorqueur allemand Seajalke qui naviguait à quelques milles du Johanna lorsque celui-ci s'est échoué. Ayant appris que le navire était abandonné par l'équipage qui était sain et sauf, le commandant de l’Iroise décida de rentrer à Brest. Il considérait, en effet, le Johanna comme perdu et sa présence sur les lieux n'était plus utile. Le vapeur hollandais se trouvait non loin du lieu du naufrage du navire danois Hellen, survenu il y a deux ans. L'Iroise est rentrée à Brest à 13 h.
A midi, au cours d'une nouvelle éclaircie, on put encore apercevoir le Johanna émergé entièrement de l'eau sur les roches. Il fumait, ce qui prouvait que les machines n'avaient pas encore été envahies. Celles-ci se trouvent d'ailleurs à l'arrière du bâtiment situé sur la pointe de roche la plus haute. Le navire ne restera pas longtemps dans la situation où il se trouve et avant peu se brisera sur les récifs. Les naufragés sont arrivés à Brest à 16 h. 30 à bord du sloop à moteur de l'île de Sein, Rose Effeuillée, patron Goachet, et ils ont débarqué au troisième bassin du port de commerce.
Naufrage du SS Johanna
Nous avons pu nous entretenir quelques instants avec le chef mécanicien du bord qui a bien voulu nous faire un récit du naufrage. « Le Johanna, cargo de la Compagnie N. W. Maats, de Rotterdam, est un navire de 84 mètres de long, de 13 mètres de large et de 1.568 tonnes de jauge brute. Il est commandé par le capitaine Glashouwer et son équipage comprend 21 hommes.
Il avait quitté Rotterdam pour Casablanca avec quatre passagers dont deux dames et l'armateur, qui se trouvaient encore à bord au retour du Maroc. En rentrant, le Johanna était chargé de minerai ; il avait relâché lundi dernier à Huelva (Espagne) et il faisait route sur Rouen, Gand et Rotterdam. Depuis le milieu de l'après-midi il faisait une brume extrêmement opaque et le vapeur naviguait à très petite vitesse. Le capitaine croyait se trouver à l'ouest d'Armen, lorsque vers 3 h. 45 deux fortes secousses ébranlèrent le navire.
Tout le monde fut aussitôt sur le pont et le capitaine donna l'ordre de mouiller les ancres. Il ne tarda pas à se rendre compte que le vapeur était gravement atteint et que les déchirures qu'il s'était faites étaient mortelles. Les ballasts étaient en effet défoncés et il en fallait plus songer à sauver le navire. Après avoir lancé des appels S.O.S. et être entré en relations avec l’Iroise, le capitaine ordonna de pousser les feux afin de résister à la violence des courants et de pouvoir mettre les pompes en action. Cependant celles-ci s'avérèrent insuffisantes à combattre l'envahissement de l'eau. Les heures passèrent ainsi et le plus grand calme ne cessa de régner à bord.
A 2 heures, le capitaine fit mettre les embarcations de sauvetage à la mer et les passagers ainsi que les membres de l'équipage y prirent place à l'exception du capitaine, de l'officier mécanicien, de deux officiers de pont et d'un matelot, qui demeurèrent à bord pour assurer la marche des machines et pour poursuivre le pompage de l'eau en attendant la venue d'un remorqueur. On apprit ensuite que l’Iroise n'avait pu les approcher. Le navire fut définitivement abandonné à 4 heures. A ce moment le vapeur était à demi submergé.
Les passagers et l'équipage demeurèrent dans les embarcations à proximité du navire jusqu'à 7 heures, attendant du secours. A ce moment ils furent rejoints par le canot de sauvetage à moteur Amiral-Touchard, de l'île de Sein, dont c'était la première sortie depuis son inauguration. Ils furent tous recueillis à bord et conduits à l'île de Sein dont la population se montra pleine d'attention pour eux. Après s'être restaurés, les naufragés furent conduits à Brest par le sloop à moteur Rose Effeuillée, et ils ont été logés dans les hôtels de la ville par les soins du consulat des Pays-Bas."
Zone : 48 04 30 - Iroise
Latitude : 48° 02'.410 N - longitude : 004° 57'.390 W
1. Chantier Jonker & Stans : deux charpentiers de marine, Klaas Leendert Willem Jonker et W. Stans achètent des terrains à Hendrik-Ido-Ambach pour monter en 1903 un chantier naval. Ils y construisent trois navires la première année. A la mort de Jonker en 1922, malgré son absence d'héritier, le chantier gardera le nom de Jonker & Stans. Stans meurt en 1923 et il est remplacé par ses deux fils. Jonker & Stans résiste à la a crise des années trente et après la guerre de 39-45, il engrange de nombreuses commandes.. le chantier a fabriqué tous types de navires : cargos, remorqueurs, navires-citernes, péniches, petits bateaux et même un baleinier. Le chantier est en faillite pendant la crise de 1985. Il est aujourd'hui repris par IHC Merwede.
Origine du chantier Jonker & Stans, Hendrik-Ido-Ambacht |
Chantier Jonker & Stans, aujourd'hui |
2. J. de Poorter, Rotterdam : L'industrie allemande, manque de minerai, et les pays producteurs sont mis à contribution. Pour cet approvisionnement, Rotterdam, avant-port du bassin rhénan- westphalien, forme de par sa situation géographique un intermédiaire indispensable, et la production des mines normandes, de Caen vers Ruhrort, via Rotterdam. Les armateurs de ce pays sont ainsi devenus, par la force même des choses, de véritables négociants en minerai, achetant le fer pour le revendre aux industriels germaniques, et cherchant à se procurer l'objet de leur commerce aux meilleures conditions possibles, en acquérant des concessions de mines. L'un des plus connus parmi ces négociants est M. de Poorter, qui a édifié dans la Meuse maritime, des installations remarquables permettant de transborder directement le minerai à bord des chalands, qui sont ensuite remorqués sur le Rhin jusqu'à Ruhrort. Pour les besoins de son commerce, M. de Poorter a acquis, en Normandie, des concessions d'une étendue totale de 3 496 hectares, et les exploite par l'intermédiaire d'une société constituée à cet effet, le 11 janvier 1909, la Société française de Mines de fer.. Le capital était divisé en 4 000 actions, dont la moitié fut attribuée à M. de Poorter, en représentation d'une autre mine, celle de Marouania, en Algérie, dont l'exploitation formait à l'origine le seul objet de l'entreprise.
3. Deux autres navires portant le nom de JOHANNA figurent dans notre base :
JOHANNA (1792), Galiote hollandaise de 160 Tonneaux, capitaine Jürgen KURK – Jetée sur le haut de la grève de Barfleur. Fond du navire arraché, le haut jeté sur la grève. Allait de Lubeck à Bordeaux avec du blé en sacs –11 Morts. cause tempête de neige.
JOHANNA, caboteur. Le 31 décembre 1982, le MV JOHANNA (pavillon Panama), propriété néerlandaise a été jeté sur les roches à moins de 400 m du phare de Harland Point pendant un fort coup de vent. Le cargo portait du blé des Pays-Bas vers le Canal de Bristol vers Cardiff. Quatre membres de l'équipage a été sauvé par un hélicoptère de RAF Chivenor. Trois officiers ont été sauvés plus tard dans la journée par le canot de sauvetage RNLI de Clovelly.