Le Boullogne 1758 (navire comparable à l'Espérance) , maquette d'Alfred Maréchal
L’Espérance est un navire de la Compagnie des Indes construit au Pellerin (près de Nantes) en 1747 dans le chantier naval du sieur Arnoux.Il est lancé le 3 novembre 1747.
Il a une jauge de 850 tonneaux pour 18 pieds (environ 5,85 mètres) de tirant d’eau en charge et il est armé de 30 canons.
Il est armé par le sieur Gabriel Michel sous le commandement du sieur Claude Lory le 28 février 1748 et quitte Paimboeuf pour Lorient. Il y reste quelques mois puis navigue à partir du 27 juillet 1748 à destination du Bengale (Inde) sous les ordres du capitaine Pierre de La Vigne Buisson.
Après avoir quitté Lorient, il fait route sur le cap Ortégal (nord de la Galice en Espagne) puis sur Madère et franchit l’équateur le 8 septembre 1748. Il se dirige ensuite sur les côtes du Brésil qu’il atteint en octobre. Il mouille à l’île Sainte-Catherine pour s’approvisionner en bois et en eau. Il quitte l’île le 27 octobre en direction du cap de Bonne-Espérance et passe au large de ce dernier le 30 novembre. Il vogue ensuite sur Sumatra qu’il atteint mi février 1749.
Puis, il navigue sur l’Inde et accoste à Pondichéry où il débarque des soldats le 24 février. Il fait route ensuite sur Chandernagor qu’il atteint après avoir remonté le Gange le 12 avril. Il y débarque des passagers. Il reste 9 mois en ce lieu et le 4 janvier 1750, il commence la descente du Gange pour son retour en France. Il charge des marchandises au cours de la descente et atteint l’embouchure le 26 février. Il fait route sur le cap de Bonne Espérance mais arrivé au sud de Madagascar, le 3 mai le navire faisant beaucoup d’eau, le capitaine décide de retourner sur l’île de France pour effectuer des réparations (île Maurice actuellement).
Le 23 mai, il y mouille et y reste jusqu’au 12 novembre. Ensuite, après un passage à l’île Bourbon (île de la Réunion), il navigue sur le cap des Aiguilles (pointe sud de l’Afrique) qu’il passe le 1er janvier 1751. En remontant dans l’océan Atlantique, il mouille à l’île de Sainte-Hélène et y fait des provisions. Le 6 février, il franchit la ligne (équateur). Mi-mars, il double le cap Finistère et le capitaine estime être au large de Penmarch le 19 mars.
L’Espérance arrive le dimanche 21 mars 1751 dans le sud des Glénan dans une tempête. Le capitaine fait mouiller le navire sur ancre mais les mouillages successifs cèdent. Le 23, il mouille sa dernière ancre ; le temps s’est calmé. Le capitaine décide d’appareiller et de rentrer dans les Glénan. A 10 heures, le navire talonne et s’échoue. Comme la coque est en mauvais état, elle fait rapidement de l’eau. Le capitaine envoie tous les passagers et les gens inutiles à bord à l’île Saint-Nicolas :
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Mais le vaisseau est arrivé très plat et nous avons donné sur l’ile de l’Etang... Nous primes le party forcé de donner ou nous sommes... A l’entrée de la passe du SE de la chambre des Glénan nous avons touché sur les 10 heures au milieu de cette passe faute d’eau... Si le vaisseau fut tiré ½ pied moins d’eau il pu être en sureté, et nous aurions sauvé sans avarie toute la cargaison... Nous avions cependant jeté partie de nos canons à la mer."
Le reste de l’équipage commence à débarquer les marchandises.
A. N. (Marine B3 237 f° 166)
Une opération de sauvetage des marchandises est alors organisée par la Compagnie des Indes. Elle dure plusieurs mois avec la participation d’une partie de l’équipage. Toutes ces marchandises sorties de la cale du navire seront rapportées à Concarneau et à Lorient par des chasse-marée.
Carte des Glénan
Une opération de recherche prospection est montée par la SAMM sous la direction de Philippe Bodenes. Peu de navires de la Compagnie des Indes françaises ont été retrouvés sur les côtes françaises et peu ont été vraiment étudiés.
Nous avons retrouvé le site sur lequel le vaisseau a perdu 4 ancres en passant une nuit dans la tempête. Ce site est localisé dans le Sud de l’archipel des Glénan. La découverte de ce premier site au printemps 2014 a permis de formuler différentes hypothèses de naufrage. Nous avons déclaré ces ancres au DRASSM en 2015. Ce site est bien entendu "présumé" tant que nous n’aurons pas retrouvé le site du naufrage lui-même, objet de ce projet. Aujourd’hui nous avons défini une zone de recherches étayée sur les documents d’archives, la météorologie de l’époque, les marées.
Le Drassm nous a donné les autorisations de recherches du 15 Mai au 15 Juin 2016.
L'équipe au complet de la SAMM va donc pouvoir se mettre en opération, avec le concours de M. Le Goff, maire de Fouesnant qui met à notre disposition la maison de la mairie de Fouesnant sur l’ile St-Nicolas, un local technique, pour y installer notre matériel, 3 mouillages et la barge de ravitaillement de la mairie qui nous permettra d’acheminer l’ensemble du matériel sur Saint-Nicolas.
Mr François Pernot (Professeur d’histoire Moderne à l’Université de Cergy Pontoise) a accepté de prendre la responsabilité d'Universitaire référent" sur l’opération. La Drac (Ministère de la Culture pour l’archéologie terrestre) va donner son autorisation pour les recherches à terre sur l’ile de Penfret.
1. La Compagnie des Indes orientales, plus précisément Compagnie Française pour le commerce des Indes orientales, est une entreprise coloniale française créée par Colbert en 1664 dont l'objet était de "naviguer et négocier depuis le cap de Bonne-Espérance presque dans toutes les Indes et mers orientales", avec monopole du commerce lointain pour cinquante ans. Elle forme une véritable puissance dans l'océan indien entre 1720 et 1740, puis devient centrale dans les grandes spéculations boursières sous Louis XVI. Sa création avait pour but de donner à la France un outil de commerce international avec l'Asie et de concurrencer les puissantes Compagnies européennes fondées au XVIIe siècle, comme la Compagnie anglaise des Indes orientales et surtout la Compagnie hollandaise des Indes orientales. Cependant, la guerre d'usure avec les Hollandais puis le choc frontal avec les Anglais en Inde la conduiront à sa perte, après seulement un siècle d'existence.
Cette opération sera rendue possible grace aux soutiens de nos partenaires :