ELISABETH, 344 tx 70/10, trois-mâts, francisé à Nantes, le 29 mars 1852.
Il appartient à Jean-Baptiste Charles Le Cour, Nantes et il est armé au cabotage international à Nantes.
Sous les ordres du capitaine Marchandeau, après un trajet de l'ïle de la Réuinion à Nantes, avec une cargaison de sucre et de vanille, il s'échoue sur les Vignettes à l'entré du port de Saint-Nazaire.
"Ce matin, vers quatre heures, le trois-mâts Elisabeth, venant du large, a touché sur les Vignettes, où il est couché. Sa position est très mauvaise.
De nombreux travailleurs sont à bord pour décharger le navire. Le trois-mâts Elisabeth qui a été abandonné hier, par les travailleurs, est considéré comme complétement perdu. Couché sur le côté de bâbord en travers, la violence de la mer montante l'a fait éviter. Son échouage, à portée de pistolet du vieux cimetière, permettra de sauver une grande partie de ses débris. Des canots et des gabarres, aidés par le remorqueur des Paquebots fluviaux et maritimes ont sauvé une partie de la mâture, voiles, vergues et 580 balles sucre.
"Je suis parti de Saint-Dénis (île de la Réunion) le 10 juillet 1860, à destination de Nantes, le 31 courant, je suis passé en vue du cap de Bonne-Espérance. Le 16 août, étant par 17° 48' de latitude sud et 5° 30'de longitude ouest, échangé mes couleurs ainsi que ma longitude avec le trois-mâts Rebecca, allant à Londres. Le 18, j'ai mouillé en rade de Sainte-Hélène d'où j'en suis parti le 19 avec le trois-mâts français Saint-Louis, de Marseille, capitaine Aillaud, allant à Marseille.
Le 10 septembre, j'ai passé en vue de Brava et Fogo (Îles du Cap-Vert) et ce même jour j'ai rencontré le Saint-Louis, capitaine Aillaud, tout allait bien à bord. Le 23 septembre étant par 35° 32' et 33° 05, j'ai échangé mes couleurs avec le brick français IO de Marseille. Tout allait bien à bord. Le 14 octobre, j'ai pris le pilote de Belle-isle, étant à 9 milles dans l'Ouest, et le 15 à quatre heures du matin, le navire a échoué sur les roches dites les Vignette, la mer perdant et ne pouvant plus rien faire pour retirer le navire."
"Immédiatement j'ai demandé à terre des gabares qui n'ont pu venir le long de mon bord qu'à dix heures et demie à cause de la marée, et avec les secours de terre et mon équipage, nous avons pu débarquer une partie de la voilure, du gréement, du cordage, de la mâture, et environ 500 balles de sucre, les effets de l'équipage, etc.
A une heure de l'après-midi, la mer montait et le navire remplissait. D'accord avec le représentant des assureurs. Le capitaine du port, le syndic de la marine et les principaux de membres de mon équipage, nous avons tous quitté le bord."
1. Jean-Baptiste Charles LE COUR GRANDMAISON, armateur, né à Nantes en 1807, décédé en 1877, à l’âge de 70 ans. Son fils Charles lui succèdera. Juge au tribunal de commerce, membre de la chambre de commerce, conseiller général du canton de Vertou, et secrétaire de ce conseil depuis 1877, il fut porté, aux élections du 4 octobre 1885, sur la liste conservatrice de la Loire-Inférieure, et fut élu député. Lecour de Grandmaison siégea à la droite monarchiste, combattit la politique scolaire et coloniale des ministères républicains et fut élu secrétaire de la Chambre le 10 janvier 1889. Réélu en 1889, il devient sénateur de la Loire-Inférieure en 1895 et fut réélu au premier tour avec la liste conservatrice en 1897. Il fut président du syndicat des armateurs et constructeurs maritimes de la ville de Nantes.
2. Les pilotes de Belle-Ile : Les journaux de Nantes ont signalé la perte si regrettable du trois-mâts l'Elisabeth sur les Vignettes. Il y a quelques temps, le trois-mâts le Guajara avait failli subir de même sort, ayant touché en donnant en Loire. Ces.deux navires avaient un pilote de Belle-Ile à bord. Deux faits aussi rapprochés ont ému la Chambre de Commerce de Nantes. En 1856, elle avait demandé que les pilotes de Belle-Isle, avant d'être autorisé à conduire jusqu'à Saint-Nazaire, les navires qu'ils ne pouvaient conduire qu'au Four, subissent un examen qui établit chez eux une connaisance suffisante de l'entrée de la Loire. Cette demande ne fut pas admise, et le règlement de 1859 n'assujettit pas les pilotes de Belle-Isle à cet examen. Nous , apprenons que cette Chambre vient de renouveler ses instances, se fondant sur l'échouément du Guajarà et le naufrage de l'Elisabeth