Bark Coronna
Trois-mâts barque acier n° officiel 1076727, lancé en novembre 1876 par le chantier Birrell Stenhouse & Company (1), à Dumbarton (n° de chantier 17), sous le nom de CORINA pour L. MacPherson, Glasgow, pavillon britannique. Ce navire de 798 tonneaux de jauge brut, 759 tonneaux de jauge nette mesure 57,70 mètres pour un baud de 9,5 mètres. Il est enregistré à Glasgow.
Le CORANNA fait la liaison Londres - Bribane jusqu'en 1888, année où il est vendu au Danemark. Son nouveau propriétaire Peder Clausen Svarrer (2), de Fanø (3), le rebaptise CORANNA. Le navire est alors immatriculé à Norby.
Le 3 novembre 1884, le Coranna quitte Bordeaux à destination de Cardiff, avec un chargement de poteaux de mines. Le navire est aux mains du capitaine H. J. Jessen et d'un équipage de 15 marins. La remontée du Golfe de Gascogne va être un enfer. Une tempête violente sévit sur la mer. Le navire met dix jours pour parcourir les 170 milles qui le sépare de la Gironde à son lieu de perdition. Le dimanche 12, la tempête se transforme en ouragan (4). Les lames emportent le gouvernail du CORANNA, le navire part à la dérive et les vagues le pousse vers la côte de Groix entre Storans et Locqueltas. A proximité du rocher "Le Terrible", le navire s'échoue et se couche sur tribord. Les quinze hommes se réfugient à la proue du navire. Les secours arrivent aussitôt. Les douaniers réussissent à passer une amarre et un va et vient permettra de sauver tout l'équipage.
"Un trois mâts suédois en fer, la Coronna a fait naufrage à une heure près du petit port de Loqueltas, sur la côte sud-ouest de Groix. Ce navire commandé par le capitaine Essen était de 1100 tonneaux et son équipage comprenait 15 hommes. Il venait de Bordeaux, chargé de poteaux de mines à destination de Cardiff. Jeté sur les roches, ce trois mâts s'est éventré aussitôt ; les lames furieuses balayaient le pont et emportaient les bordages. Les douaniers de Locqueltas avec un héroïque dévouement sont accourus au premier instant aider au sauvetage des naufragés. A l’aide du canon porte amarre, ils ont réussi à établir un va et vient entre la Coronna et la terre et tous les hommes do l’équipage ont pu ainsi quitter le bord sans accident. Une nombreuse population assistait à cet émouvant sauvetage. L’équipage a provité de la marée basse de ce matin pour se rendre à bord et essayer de sauver ce qui reste de la cargaison. Le navire est complètement perdu."
Le Nouvelliste du Morbihan (14/11/1884)
Cet article est révélateur des coquilles de la presse qui perdurent encore actuellement dans les bases de données. Le navire est appelé improprement "CORONNA", alors qu'il s'agit bien du CORANNA comme l'atteste le Lloyd's Register danois. C'est un navire danois et non "suédois", sa jauge est de 798 tonneaux et son capitaine se nomme Jessen et non "Essen".
1. Birrell Stenhouse & Company : chantier naval de Dumbarton, actif de 1875, date à laquelle est construit le premier navire le cargo HERMOD (1458 t) à septembre 1882, date du lancement 82 ème et dernier navire, le voilier GEORGE GORDON (1310 t)
2. Peder Clausen Svarrer, Skibsfører (armateur de navires), né en 1841 et mort en 1894. Il armait une flotte de huit navires : Clara 1046 brt, Coranna 759 brt, Union 615 brt, Peruvian 608 brt, Max 576 brt,
Lottie 499 brt, Lemvig 387 brt, et le Thea 185 brt.
3. Fanø désigne à la fois une commune du Danemark, et l’île de mer du Nord dont elle épouse le territoire. L’île se situe près de la côte sud-ouest de la péninsule danoise du Jutland et est l'une des plus grandes des îles de la Frise du Nord. La commune n’a pas été fusionnée, lors de la réforme communale de 2007, seulement rattachée à la région du Danemark-du-Sud.
4. Le 12 à 9 heures du matin le baromètre chute jusqu'à 733mm, pression qui n'avait pas été atteinte à Lorient depuis plus de dix ans.