Cabo Machichado
CABO MACHICHACO, 1689 brt, 1148 net, cargo, lancé en janvier 1882, par les chantiers Schlesinger Davis & Co., Wallsend (yard 121), sous le nom de BENISAF pour Jules Mesnier et les Charbonnages Poingdextre. Basé au Havre, c'est un cargo à vapeur de 1689 tonneaux de jauge brute. Il mesure 78,81 mètres de long par 10,21 de large.
Il est propulsé par un moteur compound deux cylindres (32" & 62"-42") de 200 HP fabriqué par R. & W. Hawthorn à Newcastle, qui le poussait à la vitesse de 8 noeuds.
Il restera trois ans dans cette compagnie comme cargo charbonnier.
En 1885, le BENISAF et trois autres navires sont vendus dans un seul lot pour 49.500 £ à la Compañía de Navegación La Vasco-Andaluza (1) basée à Séville. Le BENISAF est renommé CABO MACHICHACO par son nouveau propriétaire. Il est attaché à la ligne Bilbao-Santander.
Le 24 Octobre 1893, le Cabo Machichaco arrive à Santander, après six heures de voyage. Il porte une cargaison de 1.616 tonnes de marchandises générales (398 tonnes de barres de fer, 356 lingots, 200 tonnes de farine, 44 tonnes de vin, 42 tonnes de papier, 38 tonnes de tabac 20 tonnes de bois et des marchandises diverses comme des produits de droguerie (12 tonnes d’acide sulfurique, etc). Il embarque également hélas, 1.720 boîtes de dynamite pour un poids brut de 51.400 kg, soit un montant quatre fois supérieur à la normale autorisée.
C'est un dimanche. A cause de l’épidémie de choléra, il est mis en quarantaine pendant dix jours, à l'ancre dans le fond de la baie.
Le 3 Novembre, 1893 et après cette mise en quarantaine le Machichaco Cabo vient se mettre à quai, au quai n ° 1 Maliaño...
Le Cabo Machichaco en feu
"Dans la journée, une explosion formidable a fait voler en éclats le navire Cabo Machichaco, de la compagnie espagnole Vasco Andaluza, qui était en partance avec un chargement de pétrole et de dynamite. Les ravages causés dans la ville et dans le port sont incalculables. On ne connait pas encore toute leur étendue et chaque heure fait découvrir de nouvelles victimes.
Le Cabo-Machichaco était amarré le long du quai, en face le café Suisse, c'est-à-dire dans la partie la plus animée du port. On ignore encore à la suite de quelles circonstances le feu se déclara brusquement dans l'entrepont, où se trouvait emmagasinée une quantité considérable de barriques de pétrole. L'équipage essaya d'abord de se rendre maître du fléau, mais tous ses efforts furent inutiles, de telle sorte qu'au moment où le capitaine consentit à donner avis du sinistre aux autorités, presque tout l'entre pont était la proie des flammes. Les premiers secours. Aussitôt l'alarme donnée, les secours furent organisés. Le gouverneur et les autorités militaires se rendirent sur les lieux et mirent à la disposition du capitaine du port tout le corps de pompiers, ainsi que des détachements des différents régiments en garnison dans la ville.
Dans le voisinage du navire incendié se trouvait le paquebot Alphonse XII, qui est un des plus beaux bâtiments de la Compagnie transatlantique espagnole. L'équipage tout entier de ce bâtiment, sous la conduite de son capitaine, se rendit à bord du Cabo Machichaco et, avec un dévouement in comparable, essaya d'arrêter les progrès du feu.
On ne connait pas encore toute leur étendue et chaque heure fait découvrir de nouvelles victimes. Le Cabo-Machichaco était amarré le long du quai, en face le café Suisse, c'est-à-dire dans la partie la plus animée du port. On ignore encore à la suite de quelles circonstances le feu se déclara brusquement dans l'entrepont, où se trouvait emmagasinée une quantité considérable de barriques de pétrole. L'équipage essaya d'abord de se rendre maître du fléau, mais tous ses efforts furent inutiles, de telle sorte qu'au moment où le capitaine consentit à donner avis du sinistre aux autorités, presque tout l'entre pont était la proie des flammes. Les premiers secours. Aussitôt l'alarme donnée, les secours furent organisés. Le gouverneur et les autorités militaires se rendirent sur les lieux et mirent à la disposition du capitaine du port tout le corps de pompiers, ainsi que des détachements des différents régiments en garnison dans la ville. Dans le voisinage du navire incendié se trouvait le paquebot Alphonse XII, qui est un des plus beaux bâtiments de la Compagnie transatlantique espagnole. L'équipage tout entier de ce bâtiment, sous la conduite de son capitaine, se rendit à bord du Cabo Machichaco et, avec un dévouement incomparable, essaya d'arrêter les progrès du feu.
Au bout d'une heure et demie d'efforts, on était parvenu à empêcher les flammes de gagner le pont, mais elles avaient peu à peu pénétré jusqu'à la soute où se trouvait en contrebande un chargement de vingt caisses de dynamite. Le capitaine du bateau, effrayé sans doute de la responsabilité qu'il avait encourue en acceptant à son bord des matières explosives sans avoir rempli les formalités exigées en pareil cas, n'avait averti personne de l'épouvantable danger qu'il faisait courir aux malheureux dont le dévouement s'acharnait à vouloir sauver la cargaison."
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Les dégats sur les quais
"Tout à coup, une explosion eut lieu. Les parois du navire éclatèrent comme un gigantesque obus, emportant tout sur leur passage, crevant les bâtiments qui se trouvaient dans le voisinage et défonçant les maisons du port. Toute la foule qui, du quai, assistait aux travaux d'extinction, fut balayée sous l'effroyable rafale de l'atmosphère. La baie était couverte de débris et de cadavres. Les rails du chemin de fer qui passe dans le voisinage furent arrachés et projetés avec une violence inouïe à une grande distance, blessant et tuant comme des projectiles d'artillerie de nombreuses personnes.
Chose horrible, un train de voyageurs qui entrait à ce moment dans la gare, située non loin du lieu du sinistre, fut jeté hors de la voie, renversé et mis en pièces. Un grand nombre de voyageurs furent tués et blessés. Le pétrole embrasé couvrait les eaux du port. Une pluie de flammes arriva en même temps sur les édifices voisins, et dix maisons devinrent presqu'aussitôt la proie des flammes sans que les habitants aient eu la temps de pouvoir enlever quoi que ce fut de leur mobilier ou de leurs valeurs. Le bureau central du télégraphe a été entièrement détruit. Affolement général. Au premier moment, la panique fut énorme. Les gens qui, par bonheur, n'avaient été que renversés fuyaient affolés dans les rues, semant l'épouvante partout où ils passaient. La commotion avait été si forte que toutes les vitres de la ville avaient été brisées et les maisons secouées du haut en bas. On crut tout d'abord à un tremblement de terre et les habitants, frappés d'épouvante, ne songèrent qu'à fuir leurs habitations et à se réfugier sur les places. Ce ne fut qu'au bout d'un long temps que le calme revint au milieu de cette population, rendue, par la terreur, inapte à comprendre les événements.
Comme on le pense, les secours furent très longs à s'organiser, et, lorsqu'on finit par arriver sur le lieu du sinistre, ce fut un spectacle épouvantable. Tout flambait sur le port et dans la baie. Les morts, hideusement mutilés, gisaient en morceaux de tous côtés. Des bras, des débris de jambes, des troncs boursoufflés et brûlés s'étalaient partout et jusqu'à une distance incroyable du théâtre de l'accident. Les gémissements des blessés, les mai sons qui brûlaient et les cris de la population rendaient le tableau encore plus terri fiant et ce devint une épouvante indicible lorsqu'on vit les jetées d'embarquement qui sont toutes en bois, ainsi que les pontons, devenir à leur tour la proie des flammes. Ce n'était plus qu'un immense brasier inabordable."
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Les restes du navire
"Des équipages du Cabo Machichaco et de l'Alphonse XII pas un survivant. On a relevé parmi les victimes tous les officiers de gendarmerie, tous les gendarmes moins deux, le capitaine du port, son aide de camp, le chef pilote, de nombreux personnages très connus appartenant soit à la municipalité, soit aux familles les plus honorables de la ville. Le gouverneur a disparu. On n'a pas encore trouvé trace de son corps. Tout fait croire qu'il a été lancé dans la baie. Le secrétaire général, qui fait actuellement l'intérim, a déclaré qu'il se trouvait à côté du gouverneur quand l'explosion a eu lieu. Projeté à une grande distance, il ne sait pas ce qu'est devenu son chef. Lui-même ne doit la vie qu'à un véritable miracle.
Le président du conseil général et une foule de pompiers sont parmi les blessés. Jusqu'à présent, on a relevé cent cinquante cadavres et à peu près autant de blessés; mais il est impossible de se rendre compte encore du nombre des victimes."
Le Matin (1893/11/05)
Monument commémoratif à Santander
1. Compañía de Navegación La Vasco-Andaluza. Cette compagnie a été fondée en 1843 à Séville quand José María Ybarra y de Gutierrez de Caviedes a établi une ligne régulière entre Bilbao et Séville avec un petit voilier nommé Dolores en l'honneur de sa femme. Peu de temps après, il achete deux navires de plus (Ceres et Basilia) pour consolider la ligne. Par la suite, en 1860, avec des partenaires de Bilbao et Séville, il a fondé une compagnie maritime implantée à Séville, la José María de Ybarra y Compañía, qui a acquit des vapeurs faisant la ligne régulière entre les ports continentaux de cabotage. Trois ans plus tard, il a créé la Compañía Vasco-Andaluza de Vapores, également établi à Séville, avec un capital de 810.000 pesetas. En Décembre 1872, la société a été liquidée et leur flotte a été vendue aux enchères. En Janvier 1878 se constitue la Compañía de Navegación La Vasco-Andaluza, qui se transforme en Décembre 1881 en José María de Ybarra y Compañía, S.C., basée à Séville.