BELGIER, cargo, n° officiel 136724, lancé le 21 août 1914, par les chantiers Ropner à Stockton (yard 490) pour la Antwerpsche Zeevaart Mij, d'Anvers. Il est mis en service à cause de la guerre par Brys & Gylsen Ltd, Lloyd Royal Belge (1) port d'attache Londres.
C'est un cargo de 4588 brt, 2881 net, long de 117,3 mètres dont le maître baud est de 16,3 mètres (385 x 53,5 x 25,6 pieds). Il est propulsé par une machine à triple expension (25", 42" & 68"-48") fabriquée par Blair & Co., à Stockton. Elle développe 362 NHP.
Il appareille de New-york à destination de La Pallice, après une escale à Norfolk en Virginie. A Norfolk, le consul d'Angleterre donne au capitaine James Robinson, les instructions de route : Passer par 47° Nord et 5° Ouest, puis mettre le cap sur Penmarc'h.
Sa cargaison est très précieuse, cuivre, zinc, bronze et matériel de guerre, évaluée à 25.000.000 de francs. Pourtant le navire n'est pas armé et navigue seul.
Le Belgier marche à 9 noeuds, sa route est conforme aux instructions reçues. il ne peut, à cause de la brume se rapprocher plus de terre. Le temps est calme, la visibilité est bonne.
Le 23 février à 6h15, il est à la position 47° 25 N et 03° 58 W quand un sous-marin lui tire un premier coup de canon. Le capitaine met alors en avant toute à tribord pour montrer que son arrière. Le sous-marin le poursuit et tire 12 coups de canon qui obligent Robinson à finalement mettre en panne.
L'équipage de 29 hommes se met à l'abri dans les canots, tandis qu'un officier et deux marins allemands prennent passage dans l'un des canot pour aller mettre des bombes à bord du vapeur immobilisé. Mais soudain l'arrivée des torpilleurs 283 et GRONDEUR, force les Allemands à regagner le sous-marin. Celui-ci tire alors une torpille qui touche le babord avant du Belgier et explose.
Le torpilleur Grondeur
"Je suis très attristé de n'avoir pu sauver ce bâtiment , malgré toute notre dilligence. La section Grondeur (2) et 283 se trouvait à 7h 10 à 3 milles au sud des Fourches de Penmarc'h lorsque fût perçu le bruit d'un coup de canon.
Elle marcha à toute vitesse, 21 noeuds, vitesse supérieure aux essais pour mon bâtiment, modifications de route successives à l'oreille, à 8h 12, la fumée blanche d'un vapeur stoppé dont on apercevait que la coque fut aperçu droit devant. A 8 h 20, la coque se voit, évitée perpendiculairement à notre route d'attaque. A 8 h 25 un point sur l'avant du vapeur, le sous-marin (4) qui voit nos fumées et disparait immédiatement derrière sa vitesse.
Nous sommes à 7000 mètres à 8 h 27, une torpille explose à l'avant du bâtiment. A 8 h 29 le sous-marin apparait à l'arrière du bâtiment Bien qu'il soit à toucher ce navire, le Grondeur ouvre le feu. Sept coups tirés et le pirate se masque de nouveau (audire du maître d'équipage du Belgier dont le canot se trouvait très près du sous-marin, un obus tombe à quelques mètres et ricoche par dessus). A 8 h 35, nous arrivons à hauteur de l'AR, contournons le Belgier, Grondeur par tribord, 283 par bâbord, nous ne voyons plus rien, le sous-marin a plongé profondement , pas de périscope, pas de trace d'huile, rien.
A 8 h 40, le Belgier s'enfonce verticalement par l'AV. Le Grondeur receuille alors les naufragés et donne l'odre au 283 de se porter au secours d'une goélette française que nous avons aperçu, pendant notre marche complétement encalminée et de la remorquer sous Groix.
Nous n'avons couru aucun risque, le sous-marin ayant délibérement refusé le combat. Je tiens toutefois à signaler l'esprit et le calme parfait de mes équipages qui brulaient d'en mettre en maintenant pendant 1h 1/2 la vitesse entre 20 et 21 noeuds, le personnel mécanicien du Grondeur savait qu'il courait les risques d'un accident de collecteurs, risques certainement plus considérables que la probabilité d'être atteint par le feu du sous-marin s'il avait accepté le combat. Je suis content d'eux."
Brest, le 26 février 1917, Le Commandant de la Flottille, LV Bécue
Il y avait quatre Américains dans l'équipage :
The Consul at Southampton (Swalm) to the Secretary of State. Southampton, undated. (Received March 3, 1917, 1h30 p. m.)
British steamship Belgier torpedoed February 23, forty miles off Lorient, France, four Americans in crew. Joint affidavit of Isadore Frank, Leroy Kraig, DeWitt Shivers, and Daniel Gatliff forwarded. Bound New York to French port, cargo munitions. Vessel stopped by gunfire, German submarine. Weather fine, French scout appeared immediately, took crew from boats, landed at Lorient sent here, no casualties, did not resist.
Le Consul à Southampton (Swalm) au Secrétaire d'Etat. Southampton, sans date. (Reçu le 3 mars 1917, 13h30)
Le paquebot britannique Belgier torpillé le 23 février à quarante milles au large de Lorient, France, quatre Américains dans l'équipage. Déclaration sous serment conjointe d'Isadore Frank, Leroy Kraig, DeWitt Shivers et Daniel Gatliff transmise. Se rendait de New York à un port français, avec une cargaison de munitions. Navire arrêté par un tir de canon, sous-marin allemand. Beau temps, éclaireur français apparu immédiatement, a pris l'équipage dans les bateaux, débarqué à Lorient, envoyé ici, pas de pertes, n'a pas résisté.
Publications of the Department of State : papers relating to the Foreign relations of the United States, 1917 (File N° 841.857/388)
La richesse de la cargaison va attirer, après-guerre, les chasseurs d'épaves, notamment la SORIMA qui opère en France après son succès sur le paquebot Egypt. Alain Terme, son agent en France obtient en 1936, la concession pour la récupération des métaux du Belgier.
L'Artiglio et le Rostro vont se mettre à la recherche du navire. Nous n'avons hélas pas trouvé, dans les archives d'Alain Terme, le résultat de cette prospection.
1. Lloyd Royal Belge : Formé à Anvers en 1915 par l'amalgame de trois compagnies, Antwerpsche Zeevaart Maatschappij, Scheepvaartmaatschappij Gylsen et Belgische Reederi. En 1930 la baisse des taux de marchandises a provoqué un effondrement sérieux du trafic maritime et la compagnie a été reprise par Compagnie Maritime Belge.
2. GRONDEUR, torpilleur de haute mer, type Coureur (1892-1925) Chantier : Forges & Chantiers de la Méditerranée, Graville, Le Havre. Mis à flot le 13.02.1892. Caractéristiques : 130 t ; 1 750 cv ; 45,5 x 4,4 x 1,5 m ; plans Thornycroft ; en acier ; 2 chaudières ; 2 hélices ; 23 nœuds ; Armement : II de 47 + II TLT. 1893-1895 : escadre du Nord ; affecté à Dunkerque, puis Rochefort 01.01.1897 : est en réserve de 2ème catégorie à Cherbourg. 04.1898 : en réserve à Cherbourg. 11.1898 : armé pour Dunkerque 01.01.1899 : est à la défense mobile de Dunkerque, LV Bécue, commandant. 1911-1914 : pilotage de la Bidassoa.Pendant la guerre, il est affecté à Brest. 1920-1923 : garde-pêche à Saint Jean de Luz 1924-1925. Le 09.01.1926 : coque vendue à Rochefort pour la démolition.
3. T 283 (1904 - 1920), torpilleur numéroté type 201, construit par les chantiers Normand, d'une longueur de 39.16 x 4.13 x 2.65 mètres, possède 2 chaudières Guyot du Temple, 2000 cv. Il intégre également un tube mobile au centre du navire. Pendant le conflit, il ne perdra qu'un matelot, tombé en mer le 7 août 1914, BERTEUIL Ange Joseph, matricule 95256.
Torpilleur 209
4. UC 17 (Ralph Wenninger) : Type UC II contruit par Blohm & Voss, Hamburg (yard 267). 21 missions, du 2/10/1916 au 19/10/ 1918, Flandern Flotilla et du 19/101918 au 11/11/1918, Ière Flotille. Coule 95 navires pour un total de 141.771 tonnes et deux navires de guerre. www.uboat.net