L'artiglio au mouillage en 1928 (Collections particulières de G. Gouarin et C. Rabault)
ARTIGLIO, ex chalutier, 311 brt, 125 net, construit par Mackie & Thomson, Govan (yard 324), lancé sous le nom de MACBETH pour la Hellyers' Steam Fishing Co., Hull.
Il mesurait 148,8 X 23 x 11 pieds et il était propulsé par une machine à expension triple cylindres (14", 23" & 38"-27") de 100 RHP, fabriquée par W.V.V. Ligerwood, à Glasgow.
Section longitudinale (Lloyd's Foundation LRF-PUN-W637-0005-W)
Section (Lloyd's Foundation LRF-PUN-W637-0005-W)
Durant la première guerre mondiale, il est réquisitionné par la Royal Navy et convertit en dragueur de mines. A la fin des hostilités, il retourne à ses propriètaires qui le vendent à Geralano Molfino & Cia, société de pêche basée à Gênes.
Acheté en 1928 par la SORIMA (Societa di Recuperi Marittimi) de Gênes qui le transforme pour ses activités de récupération de cargaisons.
Cette société fut la première à son époque à effectuer des plongées à plus de 100 mètres pour récupérer les cargaisons de navires naufragés.
La passerelle de l'Artiglio. Photo (Collections particulières de G. Gouarin et C. Rabault)
gravure du naufrage (La Domenica del Corriere)
La grande tempête d'équinoxe de septembre 1930 avait contraint l'Artiglio à abandonner le chantier de l'Egypt en Iroise, pour se consacrer au dérasement d'un grand vapeur américain chargé d'explosifs de guerre, le Florence-H, coulé en 1917, en baie de Quiberon . Le travail consistait à démanteler l'épave à la dynamite pour le compte des Ponts & Chaussées.
Le 7 décembre 1930, l'Artiglio est mouillé à proximité de la carcasse du cargo. Comme chacun des jours précédents, Alberto GIANNI, le chef scaphandrier, a confectionné un chapelet de dynamite qu'Alberto Bargellini doit aller positionner sur un grand morceau de la carcasse encore intact.
A 14h20, Gianni déclenche la mise à feu électrique. Une gigantesque explosion dûe aux tonnes d'explosifs restés dans les cales du Florence-H engloutit l'Artiglio et 12 de ses 18 membres d'équipage.
Plaque commémorative posée sur l'épave (photo : C. Rabault)
Rapport de l'ingénieur TPE Le Corvec (Archives Phares & Balises Lorient) :
"Hier, 7 décembre 1930, vers 14 heures 20, le vapeur Artiglio de la Sociéta Ricupéri Marittimi à Gênes, qui procédait au dérasement de l'épave du vapeur Florence-H a sombré par suite d'une explosion formidable qui se serait produite dans l'épave du Florence-H. La catastrophe a fait douze victimes. Sept hommes seulement ont pu être sauvés... L'Artiglio fut soulevé à une hauteur considérable et les sept hommes rescapés furent projetés avec force et retombèrent à la mer. Avant qu'ils puissent reprendre leurs sens à la surface de la mer, l'Artiglio avait disparu dans les flots. D'après eux le navire a dû couler en moins de 45 secondes. Les rescapés se souviennent à peine que le Rostro est venu leur porter secours... Hier après-midi nous sommes allés raguer sur les lieux de la catastrophe. Vers la cote -13, nous avons réussi à faire remonter à la surface un aviron qui devait être engagé sous les bossoirs. Repérant ainsi l'épave de l'Artiglio, nous avons pu constater qu'elle se trouve à environ 200 mètres dans le NO de l'épave du Florence-H et à 100 mètres de la bouée qui signale cette dernière. L'Artiglio paraissait donc se trouver bien près d'elle lorsque l'explosion se produisit. L'explosion préparée devait achever le dérasement de l'épave. Les mines précédentes qui avaient utilisé deux tonnes d'explosifs, n'avaient donné lieu à aucun incident et l'on a, sans doute, cru qu'il en serait de même pour la dernière. La catastrophe est la conséquence d'un excès de confiance."
Lampe sous-marine en 2000 - en 1930 (Photo G. Gouarin) | Soupière, porcelaine Ginori (Photo G. Gouarin) |
De 1994 à 2005, des équipes de plongeurs, sous la direction de Gildas Gouarin, ont mené un gigantesque travail de fouille de l'épave.
Maquette de l'Artiglio, réalisée par Gildas Gouarin
La coque de 45 mètres de long fut entièrement vidée de la vase qui l'avait envahi jusqu'à son pont supérieur.
Des centaines d'objets furent remontés. Ils sont aujourd'hui exposés dans les musées de Quiberon, et de Sein en France, ainsi que dans ceux de Viareggio, et d'Impéria en Italie.
Cette fouille a contribué à la création, en avril 2001, du "Premio Internazionale Artiglio" (Artiglio Europa Fondazione) et à celle du musée maritime de Viareggio.
"L'or et la griffe", Rabault Claude. Ed. Terre de Brume. 1995 (Prix Robert de La Croix)
"Chasse-Marée N° 172", article de G. Gouarin
Extrait du film documentaire réalisé sur notre recherche