Anjou, caboteur construit en 1910 aux Ateliers & Chantiers de la Loire, Saint Nazaire. Il mesure 63.8 x 8.5 mètres pour un tonnage brut de 771 tonnes. Il est propulsée par 2 machines alternatives à triple expansion construites par les Ateliers & Chantiers de la Loire qui lui conférant une vitesse de 14 nœuds.
L’ANJOU effectue des liaisons commerciales France-Angleterre (Dieppe-Londres) de 1910 à 1916, pour la société des Chemins de Fer de l'Etat Français, Dieppe.Snipping Tool
Le 7 mars 1917, il est réquisitionné par la Marine Nationale et armé en dragueur de mines auxiliaire et affecté au Verdon sous le commandement de Xavier Joseph Marie Dukers (1).
Dukers Xavier, lieutenant de vaisseau, commandant - Brlcon Louis, premier maître pilote - Letessier Jean, premier maître mécanicien - Zoonekind, Pierre, second maître de manœuvre - Rondeau, Simon, second maître de manœuvre - Bastoen, Louis, quartier maître canonnier - Grout Léon, quartier maître de manœuvre - Prevost Edouard, quartier maître de manœuvre - Le Pivert François, quartier maître de manœuvre - Michel Edmond, quartier maître de manœuvre - Bertrand François, quartier maître torpilleur - Allançon Léopold, quartier maître radio - Jouan François, matelot gabier - Girard Victor, matelot gabier - Piedevin Louis, matelot gabier - Boulin Adolphe, matelot timonier - Marchadour Pierre, matelot timonier - Bertrand Marcel, matelot canonnier - Guillot Jean, matelot canonnier - Sellier Eugène, matelot fusilier - Lazetrie Henri, matelot fusilier - Laurans Jean-Marie, matelot cuisinier - Coprin François, matelot chauffeur - Leprêtre Marc, matelot chauffeur - Donval Ludovic, matelot chauffeur - Gueno Louis, matelot chauffeur - Le Cunff Jacques, matelot chauffeur - Olivier Edouard, matelot chauffeur - Briand Jean-Baptiste, maître d'hôtel - Robinet Georges, matelot cuisinier - David Louis, matelot - Le Noc Julien, matelot - Vaillant Jean, matelot - Verron Guillaume, matelot - Marguerite Marcel, matelot mécanicien - Query Henry, matelot chauffeur - Boscher Louis, second maître mécanicien - Silenne Fernand, second maître mécanicien - Bastoen Georges, quartier maître mécanicien - Penvern Maurloe, quartier maître mécanicien - Gouley Louis , matelot
Il coule le 17 juin 1917 en heurtant une mine posée par l'UC 48 (Kurt Ramien) à 6 milles dans le NW de l’Adour.
"Appareillé du Boucau où le bâtiment avait charbonné ce jour à 13h00. Entré en dragage dès la barre de l'Adour franchie. Fais route sur un groupe de mines aperçu quelques jours plus tôt à marrée basse à 6 milles dans le N10W de la Tour des Signaux, et dont 3 avaient ultérieurement été coulées.
A 14h00, le 1er maître pilote Bricon me signale une mine en surface à 1,5 mille par notre travers bâbord. Mis le cap sur elle avec l'intention de couper l'orin et de la faire couler à coups de fusils par le chalutier CACATOIS qui nous escortait.
A 14h13, étant sur la passerelle supérieure et ANJOU se trouvant à 4,5 milles de la côte dans le N006W de la Tour des Signaux, entendu une détonation sourde, profonde, perçue dans tout le navire avec un ébranlement relativement modéré. J'ai eu d'abord l'impression qu'une mine avait explosé, non au contact immédiat de la coque, mais dans la drague, très près de l'arrière du bâtiment. Descendu à la passerelle inférieure et donné l'ordre de stopper les machines pour rentrer la drague. La machine bâbord avait déjà stoppé d'elle-même. Celle de tribord s'était emballée, l'explosion ayant probablement rompu son arbre. Je m'aperçu que le mât arrière était tombé et le gabier Girard vint me prévenir que le bâtiment faisait eau par l'arrière.Donné ordre de mettre en marche le grand cheval (nota : pompe d'assèchement principale) pour lutter contre l'envahissement, de remettre les machine en route, et venu sur la droite pour me rapprocher de la côte et y échouer l'ANJOU, si besoin était. Envoyé des signaux aux chalutiers LABRADOR et CACATOIS qui étaient près de la côte entre Bayonne et Biarritz. Ni la barre, ni les machines n'ont répondu.
La situation, stationnaire jusque là, empira très vite. La cloison étanche arrière de la cale arrière ayant cédé, cette cale d'un volume considérable se remplit avec une extrême rapidité et l'eau arriva sur le pont par les écubiers arrière. Rien ne pouvait plus être tenté pour maintenir le navire à flot.
Donné l'ordre au personnel mécanicien et aux chauffeurs, jusque là à leurs postes, de monter sur le pont, de mettre radeaux et embarcations à l'eau et d'évacuer le dragueur. Ce personnel put exécuter cet ordre puisque le chauffeur Guéno, resté le dernier pour assurer l'alimentation, put regagner le pont, suivi par le Sd maître mécanicien Silenne.
Mais l'explosion avait projeté le youyou dans la cale et l'embarcation et le radeau de l'arrière étaient démolis par la chute du mât arrière et du mât de charge. Seule la baleinière put flotter. Entre l'explosion et l'engloutissement du navire, il s'est écoulé 4 minutes. La mine a du heurter l'ANJOU près du presse-étoupe arrière.
La plus grande partie des survivants s'est rassemblée au radeau de sauvetage avant, resté intact. Ils ont été recueillis par CACATOIS et LABRADOR, accourus à toute vitesse.J'ai le très profond regret de vous informer que 7 hommes ont succombé. (Le commandant donne alors leurs noms). La conduite de l'équipage a été excellente. J'attire tout spécialement votre attention sur :
- 1er maître pilote Bricon, avec un oubli complet de lui-même, m'a secondé, a dirigé la mise à l'eau du radeau de l'avant, y a rassemblé les hommes autour de lui et n'y a embarqué que le dernier.
- 1er maître mécanicien Le Tessier, par son calme et son sang froid, a fait régner l'ordre dans la machine.
- second maître de manœuvre Rondeau et Zoonekynd, avec de l'eau jusqu'à la ceinture, ont assuré avec beaucoup de courage la mise à ‘eau de la baleinière. Je rappelle que Rondeau a déjà sauté sur une mine à bord du dragueur AUVERGNE, et qu'il était chef de quart sur le SUSSEX quand celui-ci a été torpillé.
- Quartier-maître de manœuvre Grout et Prévost ont participé avec le plus grand dévouement à la mise à l'eau du radeau et de la baleinière.
- Quartier-maître élève chef de quart Le Pivert a sauvé le maître d'hôtel Robinet, incapable de nager et l'a conduit jusqu'au radeau de sauvetage.
- Quartier-maître élève chef de quart Michel a soutenu le second maître Zoonekynd sur ses épaules jusqu'à ce que celui-ci puisse s'accrocher à une épave.
-Matelots chauffeurs Guéno et Le Cunff, de service dans la chaufferie, ne l'ont quitté que sur ordre et ont exécuté avec le calme le plus complet les ordres donnés par le 1er maître mécanicien.
- Matelot cuisinier Laurans, n'a pas hésité à aller à la nage jusqu'au radeau de sauvetage et en est revenu avec un bout, l'empêchant ainsi de s'écarter du bord et facilitant l'embarquement du personnel."
Le naufrage fera sept victimes dans l’équipage :
1. GOULEY Louis, Eugène, Alphonse - Matelot sans spécialité ; Quartier/Matricule : Dieppe, 110 ; "est resté à son poste jusqu'au dernier moment, assurant l'exécution des ordres. A été englouti avec le bâtiment."
2. GUERY Henri, Gaston, Pierre - Matelot chauffeur ; Quartier/Matricule : Dieppe, 174 ; "est resté à son poste jusqu'au dernier moment, assurant l'exécution des ordres. A été englouti avec le bâtiment."
3. MARGUERITE Marcel, Auguste - Matelot mécanicien ; Quartier/Matricule : 42.507-1 ; "est resté à son poste jusqu'au dernier moment, assurant l'exécution des ordres. A été englouti avec le bâtiment."
4. BASTOEN Georges - Quartier-maître mécanicien, Matricule : 27.019-1 "est resté à son poste jusqu'au dernier moment, assurant l'exécution des ordres. A été englouti avec le bâtiment. "
5. BOSCHER Louis, Marie - Second-maître mécanicien, Matricule : Calais, 1.635 "est resté à son poste jusqu'au dernier moment, assurant l'exécution des ordres. A été englouti avec le bâtiment"
6. PENVERN Maurice, Henri - Quartier-maître mécanicien ; Quartier/Matricule : 38.116-1 ; "est resté à son poste jusqu'au dernier moment, assurant l'exécution des ordres. A été englouti avec le bâtiment."
7. SILENNE Fernand - Second-maître mécanicien ; Quartier/Matricule : 24.315-1 ; "est resté à son poste jusqu'au dernier moment, assurant l'exécution des ordres. A été englouti avec le bâtiment."
Cap Breton - N° SHOM : 14531006 -
Latitude : 43°35,2335 N - Longitude : 001° 32,0764 W
1. Xavier Joseph Marie DUKERS : Entre dans la Marine en 1892. Aspirant le 5 octobre 1895; port TOULON. Au 1er janvier 1897, sur le croiseur "DUGUAY-TROUIN", Division navale de l'Océan Pacifique (Cdt Jean FORT). Lieutenant de vaisseau le 19 juillet 1905. Au 1er janvier 1906, port TOULON. Aux 1er janvier 1908, 1909, à PARIS, Officier d'ordonnance à l'État-Major particulier du Ministre de la Marine. Chevalier de la Légion d'Honneur (en 1908). Officier d'académie. Le 1er octobre 1909, Commandant un groupe de torpilleurs, Station des torpilleurs de BREST. Idem au 1er janvier 1911. En 1914, à la mobilisation, Commandant le chalutier "MARIS-STELLA", dragueur de la 2ème Escadre légère à BOULOGNE-sur-MER. Le 1er août 1911, en service à la Défense fixe de CHERBOURG En 1917, Capitaine de corvette, Commandant le dragueur "ANJOU", il est cité à l'ordre de l'Armée navale : "A effectué, depuis le début de la guerre de nombreux dragages de mines dans des circonstances difficiles et dangereuses, en particulier au voisinage des côtes de Flandre. Le 17 juin 1917, au cours de dragages dans le golfe de Gascogne, l'ANJOU qu'il commandait ayant sauté sur une mine, a pris avec autant de décision que de sang-froid toutes les mesures permettant de sauver l'ANJOU et l'équipage."
Les chantiers de la Loire à Saint-Nazaire
SHOM France 2006 ; S.H.M. Vincennes (SSG N° 4776 D 5600 C 44) ; A.D. 44 (MI 192, 1917 ; Ouest-Eclair , n° 6436, 20 juin 1917) ; "Répertoire des navires de guerre français" Jacques Vichot, Pierre Boucheix, refondu par Hubert Michéa - AAMM, 2003 ; "La flotte SNCF et les car-ferries français", Gilles Barnichon et Stéphane Zunquin, Editions MDV, 2001 ; Miramar Ship Index, R.B.Hawthorn ; Journal officiel du 15 octobre 1919 ; https://forum.pages14-18.com/