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Date de mise à jour : 01/05/2024 (44 nouvelles épaves, 38 mises à jour, 41 nouvelles photos et images)

XENOPHON
(1942-1962)
ex BANFF PARK (1950), ex OAKHURST (1957),
ex CATALUNIA (1961)
Pavillon grec

Plateau des Basses Large (Iroise)
Erreur de navigation, le 26 octobre 1962

Oakhurst
Le MV OAKHURST

Caractéristiques

En raison des lourdes pertes subies par les Marines Marchandes Alliés dans les premiers mois de la Seconde Guerre mondiale, un programme de construction sur une échelle gigantesque avait été décidé dans les chantiers des U.S.A. et du Canada pour les Compagnies de navigation britanniques. Les compagnies canadiennes, ont adopté pour les noms de navires le préfixe "FORT" et "PARK" et les Etats-Unis celui d'"Océans". Ce sont seize navires qui ont été commandés des chantiers navals de côte ouest du Canada. Le BANFF PARK a été ainsi lancé le 18 juillet 1942 pour le gouvernement canadien.

XENOPHON, cargo, 7133 brt, 4258 net, lancé le 18 juillet 1942 par le chantier Davie Shipbuilding & Reparing Co. Ltd., à Lauzon (yard 536), sous le nom de BANFF PARK N° officiel 173261, pour Park Steamship Co., Ltd. (Minister of Munitions & Supply), pavillon britannique.

Il mesure 424,6 x 57,2 x 34,9 pieds. Il est d'abord motorisé avec un T. 3 cyl. (24", 37" & 70"-48") fabriqué par Dominion Engineering Works, Montreal.

Réquisitionné par le MOWT (2) sera managé par plusieurs compagnies :
En 1945, H. Hogarth & Sons, Londres.
En 1947 Ohlson SS Co.
En 1949 J. Constantine SS Line Ltd.
En 1950, il est acheté par Rex Shipping Co., Ltd. (Hadjilias & Co., Ltd., Mgrs.) qui le remotorise avec un diésel de 505 NHP et il est renommé OAKHURST.
En 1957, il passe sous pavillon du Liberia pour Asturias Shipping Co. S.A., sous le nom de CATALUNIA.

Il est vendu en Grèce en 1961 à la Valia Compania Naviera S.A. et est rebaptisé XENOPHON. Il est alors immatriculé au Pirée.

Xenophon

Xenophon

BANFF PARK

Le naufrage

Le cargo Grec Xenophon venait de Cardiff avec un chargement de 10.000 tonnes de charbon destiné à Venise. Il était attendu ce vendredi soir à Brest où il devait souter. Après avoir contourné Ouessant il se dirigeait vers le goulet quand, s’étant trouvé trop nord de l’alignement du phare du Minou qui devait le conduire en rade, il vient talonner le plateau des Bases Large.

La Parquette, bateau pilote qui attendait le cargo se dirigea sur les lieux et parvint à accoster le navire et ainsi favoriser l’évacuation de l’équipage. Le canot Commandant Charcot avait déjà tenté la même opération mais la mer trop grosse fit échouer l’opération.

Dés le samedi après midi la situation du Xenophon empirait d’heure en heure. Au cours de l’après midi les hommes restés à bord entendirent des craquements sinistres provenant des entrailles du navire. Plus de doute le vieux Liberty-ship commençait à se disloquer. Le commandant décida de faire débarquer 5 autres hommes d’équipage restés à bord après l’évacuation des 17 premiers dont la femme du commandant.

C’est le canot Tai de Camaret qui les débarqua au Conquet. Peu avant minuit le canot de Molène évacua les 8 derniers membres de l’équipage. Le commandant Kleoudis, la mort dans l’âme dû abandonner son navire après des heures et des heures de veille sous une tension extrême. Il ne put qu’assister à la dislocation de son navire, car rien ne pouvait à présent le sauver, la météo annonçant un fort coup de vent.

Echouement du Xenophon
A marée haute, on constate que l'avant du Xénophon menace d'être submergée (Photo Aéro-club du Finistère)

"II est perdu", telle était la pénible constatation que tous les marins qui avaient suivi l'échouage d’un cargo panaméen Xénophon devaient faire hier. Cet empire, d’un port en lourd de 11000 tonnes, qui, parti de Cardiff, était attendu à Brest pour souter dans la soirée de vendredi et devait ensuite mettre le cap sur Venise, chargé de II 000 tonnes de fines, s'était empalé profondément sur les roches de la Basse Large.
Cause de l’accident ? Vraisemblablement une mauvaise interprétation des feux en dépit de l'excellent balisage des parages.
Mais, à la décharge des hommes qui avalent pour mission de conduire le Xénophon à l’entrée d'un port nécessite souvent c'est notamment le cas pour Brest une série de points à faire, et une erreur est toujours possible.
A la marée basse de samedi, l’on pensait qu’il serait possible de découvrir ses brèches ouvertes dans sa coque, les cales 1, 2 et 4 étalent béantes et seules tenaient encore les cales 3, 5 et le compartiment des machines, lequel est situé entre les cales 3 et 4, les 4 et 5 se trouvant dans la partie arrière du navire.
Les déchirures avaient été faites sur le fond de la coque de telle sorte qu'au bas de l’eau le cargo semblait flotter normalement alors qu’il reposait sur un lit de roches.

Article Ouest-France

Vers 17 h, peu avant la pleine mer, les fots atteignaient presque le niveau du pont à l'avant, cependant qu’à l’arrière déjaugeait quelque peu. Le Xénophon paraissait en bien fâcheuse posture.
Dans la nuit de vendredi à samedi, le bateau-pilote "La Parquette", qui, soit dit en passant, a rendu un signalé service aux naufragés, débarquait à Brest 15 hommes, la femme du commandant Prakapios Kléoudis ainsi que les bagages de l’ensemble de l'équipage.
Etaient demeurés à bord 13 hommes et le commandant. Le Xénophon était monté par un équipage de 24 Grecs et 4 Espagnols.
Vers 17 h, samedi, le canot de sauvetage de Camaret, le "Taï", débarquait au Conquet 5 hommes. Il en restait donc 8 à bord.
Le remorqueur Pontaillac qui était resté toute la nuit sur les lieux du naufrage, avait rallié Brest depuis plusieurs heures. Le "Taï", plus tard, avait raillé Camaret. Seul, le canot de sauvetage de Molène, le vaillant "Jean-Charcot", montait près du Xénophon une garde vigilante.
Mais le vent forcissait et la houle se creusait. Le navire naufragé qui n'avait cessé de s’ouvrir sous l’action de la marée, ne pouvait plus être sauvé. Au surplus, l’accoster devenait de plus en plus difficile. Après s'être mis en rapport avec ses armateurs, le commandant Kléoudis prit la décision, la mort dans l'âme, d'abandonner son navire.
Vers 23 h 30, samedi, les membres de l’équipage qui étaient demeurés avec lui à bord et lui- même, furent conduits au port de commerce de Brest à bord du "Jean-Charcot".
Hier, le long corps du Xénophon qui gisait sur le lit de pierre de la Basse-large, demeurait encore visible de la côte. Il n’avait apparemment pas reçu de nouvelles blessures. Mais il était à prévoir que la prochaine tempête, annoncée pour la nuit dernière, il se briserait et sombrerait."

Ouest-France (28/10/1962)

Position

carte du naufrage

zone : Iroise - 48 04 30 - N° SHOM 14584141
Latitude : 48°18', 2630 N - longitude : 004° 50', 7503 W

Notes

1. Banff Park est le plus renommé des parcs canadiens et le plus connu des Montagnes Rocheuses. Au début du XIXème siècle, trois employés de la compagnie ferroviaire Canadien Pacifique découvrent par hasard, sur le flanc Est des Rocheuses, une caverne d'où jaillissaient des sources d’eau chaude.

2. MOWT : Ministry of War Transport (UK)

3. : MOT : Ministry of Transport (UK)

Sources

S.H.O.M. France 2006 ; Miramar Ship Index, R.B.Haworth, Wellington, New Zealand, 2006 ; The National Archives, Kew (BT 389 F° 175 / 190 et 82 / 131, Registry of Shipping and Seamen: War of 1939-1945 ; Ouest-France (28/10/1962) ;